Nawfal Jorio
Nawfal Jorio
Le portrait onirique de Nawfal Jorio
Le portrait onirique de Nawfal Jorio
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Je dis : vous savez qu’il mourut quelques jours après son entrevue
?
J’espère que cela ne m’arrivera pas.
L’homme, Nawfal Jorio, père
de famille, auteur du très beau Schizophrénie Quantique
me
regarde médusé, arrête de gratter sa minuscule guitare et se met
à rire de bon cœur en disant : vraiment ?...je n’ai pas ce pouvoir...
je ne vais pas attendre plus longtemps pour vous dire ce que j’ai
à dire, cher Patrick Lowie, vous savez que j’aime vous présenter
comme l' « Alexandro Jodorowsky belge ».
Dans le rêve, je lui offre
un rire gêné. Autant vous raconter maintenant les raisons de
notre rencontre,
poursuit-il. Je fais appel à vos dons miraculeux,
car depuis toujours, je me sens possédé par un djinn qui souffle
dans les oreilles de mon subconscient des rêves qui me fragilisent.
L’un d’eux, celui qui m’a le plus marqué, date de quelques années
déjà. C’est un rêve où je me sentais tellement léger que j’ai quitté
le sol et que je me suis mis à voler avec aisance dans les airs. À
un moment donné, en plein vol, j’ai commencé à entendre une
envoûtante mélodie céleste. Chaque note musicale me fait vibrer
et onduler. Tout mon être se confond avec la mélodie. En-dessous
de moi, un magnifique champs de belles roses s’étend à perte de
vue. Je m’abandonne au doux parfum enivrant des fleurs et je
deviens moi-même champs de roses. À ce moment là, je ressens
un goût de paradis, une merveilleuse saveur d’éternité...
Nous
gardons le silence. Il cherche sur mon visage une réaction. Mon
ami, pourriez-vous me conseiller ?
Je ne peux répondre. J’entends
dans mon intérieur ce que j’aimerais lui dire mais les paroles
me manquent, ne sortent pas. Je deviens rouge, je panique et je
renverse la cruche de vin argentin. Celle-ci se brise et de l’eau en
jaillit. Aussitôt, le lion du Cap sagement endormi à mes pieds,
se redresse, saute sur moi et me dévore (d’après Schizophrénie
quantique
). Nawfal Jorio, zen comme une grenouille, s’adresse
désormais au lion, je rugis. Il joue de la guitare tout en me
racontant l’histoire du lion et de la vanité. Toujours les mêmes
erreurs. Je parle enfin, entre deux rugissements : nous allons
parvenir à déterrer les vérités oubliées de ce monde. J’aimerais
retrouver mon corps, nous sommes dans un de ces moments
où tout peut arriver.
J’observe le ciel qui s’éclaircit après une
longue période orageuse qui gronda tout le monde. J’essaye de
me défendre des forces obscures, comme si ma seule présence
pouvait aimanter toutes les angoisses maléfiques de l’Autre. Le
lion et la grenouille entrent dans un jardin de jasmin, comme si
nous célébrions un rite ancien de plusieurs siècles. Je m’observe
dans un des bassins d’eau, ma crinière épaisse m’empêche
de plonger dans mon regard. On sent à l’improviste le monde
disparaître à l’entour de nous, le vide s’installe. J’ai l’impression
d’être dans un état d’hallucination hypnagogique. On marche
vers nulle part. Ces instants intenses d’oublis de soi, de n’être
qu’avec soi sans soi. Tout cela aurait pu nous rendre tristes, mais
aucun sentiment ne s’accroche à nos peaux. La nuit approche, les
oiseaux sommeillent, d’un sommeillage irrél. La terre gronde à son
tour. On entend des gens marcher puis s’arrêter à notre passage.
Mais il n’y a personne. Des oiseaux effrayés s’échappent en pleine
nuit qui s’est installée en un instant, notre marche vers l’invisible
nous semble si légère.Puis, nous arrivons enfin à Mapuetos
après des journées de cheminements en terrain facile,
en terre
d’accueil, en mouvements songeurs. La grenouille me dit : j’avais rêvé
de champs de roses pas de jasmins.
Le lion répond : vous avez rêvé de
la roseraie du roi Childebert Ier, cher ami.
Là, nous sommes dans le
jasmin, symbole de prospérité et de chance. Le rêve que vous avez
fait n’est pas le même que celui que vous avez interprété au réveil.
Pour l’instant, nous revivons votre rêve, le vrai, dans quelques
minutes vous allez vous transformer en Nawfal Jorio, vous allez
vous envoler et vous verrez que ce n’étaient pas des champs de
roses. Nous allons bientôt nous réveiller de cette rencontre, comme
dans un tableau de Pierre Paul Rubens, je prendrai le lion qui
est en moi à bras-le-corps. Je vais enterrer le djinn, il ne vous
atteindra plus.. Dès maintenant, à l’instant présent, un miracle
va transformer votre vie.
Et je le vois s’envoler, libéré, insouciant,
heureux, un orchestre joue des mélodies célestes. J’espère ne pas
mourir dans deux jours.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Né à Rabat le 4 février 1977, il s'est installé en Belgique pour y poursuivre ses études supérieurs en septembre 1994. De formation scientifique et diplômé en sciences de gestion, il accompagne les indépendants et petites entreprises bruxelloises depuis 2002.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com