Béatrice Bantman

Béatrice Bantman

Le portrait onirique de Béatrice Bantman

Partager

Dans la manière de bien rêver , Vicente Guedes nous dit : Tu prendras d'abord bien soin de ne rien respecter, de ne rien croire, de ne rien….. Tu garderas, de ton attitude à l'égard de ce que tu ne respectes pas, la volonté de respecter quelque chose; de ta répugnance à l'amour, le désir douloureux d'aimer quelqu'un; de ton mépris à l'égard de la vie tu garderas l'idée qu'il doit être bon de la vivre et de l'aimer. Et tu auras ainsi jeté les fondations de l'édifice de tes rêves. Sois très attentif à ce que l'œuvre que tu te proposes de réaliser soit la plus haute de toutes. Rêver c'est se trouver soi-même. Tu seras le Christophe Colomb de ton âme…. Prends bien soin, donc, que ton cap soit le bon et que tes instruments ne puissent se tromper. L'art de rêver est difficile car c'est un art de passivité, où ce qu'il y a d'effort est de coordonner l'absence d'effort. L'art de dormir, s'il existait, lui ressemblerait d'une certaine manière. Je referme le livre, je me réveille dégoûté, j’ai vu des corps partout, de la peau et des corps, des yeux de la peau et des corps, tout bougeait, j’avais la sensation d’être hanté par des corps en éruption, des volcans aux crachats venins, des langues rouges et perverses crucifiées sur des parois branlantes, des inquiétudes, regrets, bousculades, une scène fellinienne, celui à partir du neuf, je bats de l’aile comme une hirondelle, je perçois mal, j’avance dans l’obscurité de mon âge, dans l’obscurité de mon âme, tout se résume finalement à essayer d’éprouver de l’ennui sans qu’il nous fasse mal , des corps, militaires, défilent, garde-à-vous, encensé le mal, la guerre nous transperce l’esprit, elle s’approche, envahit nos cœurs, dans le rêve, ils se moquent de moi, me vilipendent, me jettent des cailloux sur mes genoux… je me dis que je dois trouver Mapuetos avant qu’il ne soit trop tard, course-poursuite, foncer, défoncer, alarmer, disparaître. Une éclipse. 

Fixez votre attention sur vous-même ! me dit une femme couchée dans le sable au bord de la piscine Molitor. Une dizaine de corps en maillot de bain convenable : robe mi-longue avec corset, manches longues, pantalons bleus longs et charlotte sur la tête. Deux ou trois jeunes hommes sont moins convenables : combinaison une pièce à manches courtes et pantalon à mi mollets. Elle poursuit : je n’étais plus venue ici depuis longtemps. C’est un rêve qui m’a ramené dans ce lieu. Je m’approche et je pense la reconnaître : vous êtes Béatrice Bantman, n’est-ce pas ? Elle m’offre un large sourire. Sommes-nous en 1930 ? Elle hausse légèrement les épaules, une forme de peut-être . Je préfère la patinoire, me dit-elle, venez, posez-vous là, je vais vous raconter mon rêve . J’hésite un instant, l’ambiance est puissante, je sens des énergies nouvelles qui me viennent de partout, qui me bousculent et qui me font mal aussi. Je sais, vous aimeriez disparaître, vous pendre ? Vous n’y pensez pas, j’espère. Je suis admirative : pas de drogue, pas d’alcool, pas de tabac… vous allez mourir de quoi ? Des angoisses des autres ? Je sais que vous êtes un spécialiste des rêves alors voici le mien : je suis dans la voiture de mon père, mort depuis longtemps, et nous allons à un enterrement. Mon père conduit très mal – il était connu pour ça - et j’ai très peur qu’il se perde et nous fasse rater la cérémonie. Dans la voiture, une vieille « amie » (que je ne vois plus depuis longtemps) se moque de moi. C’est ainsi que je découvre que nous sommes en route pour l’enterrement de Sacha Distel. Et que je suis totalement futile, comme le remarque « mon amie ». Je lui réponds très sérieusement que Sacha Distel a chanté « La Belle Vie », une chanson qui a beaucoup compté pour moi et que j’écoutais à douze ans quand je rêvais à mon avenir. Je cherche « The Good Life» par Tony Bennett sur mon Iphone, et nous écoutons pendant que mon père n’arrête pas de se perdre et de rouler dans des sens interdits. Finalement nous arrivons à l’heure dans un endroit magnifique, en contrebas d’une route forestière. Des tables sont disposées en hauteur, autour des tombes recouvertes d’une grande bâche et le cimetière ressemble à ici, à la patinoire Molitor. Je comprends qu’on va nous servir à déjeuner avant l’enterrement et je dis à des inconnus que j’aurais préféré l’inverse. Mais le déjeuner est excellent et je me réveille enchantée. Qu’en pensez-vous ? 

Un jeune homme, de l’autre côté de la piscine/patinoire chante Ô La belle vie / Sans amour / Sans soucis / Sans problème… il tape sur les portes des cabines, tac-tac, il reconnaît par le son s’il y a des vêtements à l’intérieur ou si la cabine est libre. Il l’ouvre avec sa clé fétiche. Je m’apprête à plonger dans la piscine du haut d’un tremplin. Je clame : en fin de compte, c'est peut-être dans cette tension entre l'ordinaire et l'extraordinaire que réside la véritable essence de l'existence humaine. Cette alchimie entre l'absurde et la poésie révèle peut-être la nature paradoxale de nos aspirations les plus profondes, où même dans les moments les plus sombres, une lueur d'espoir et de beauté peut émerger, transformant ainsi l'ordinaire en extraordinaire. Je plonge, l’eau est chaude, j’entends les cloches d’une église qui se superposent aux bruits stridents d’une pelle en métal que traîne un enfant sur le sol. Béatrice Bantman, votre rêve m’indique une chose : il existe des frontières entre vous et l’amour, frontières linguistiques, culturelles, conceptuelles, mais au fond de votre âme, l’amour ne peut pas rester un blocage, c’est en traversant les frontières surtout celles invisibles, que vous débloquerez tout. Rejoignez l’amour de votre vie, s’il en est encore temps, et la joie reviendra, votre réveil enchantera, la métamorphose de votre âme opérera, l’univers vous offrira une nouvelle vie. 


Publications & anecdotes

Nous n'avons rien à vous proposer pour l'instant.


Bio

Un homme un jour a lu dans ma main que je n’aurai pas la vie que j’aurais dû avoir. Il n’avait pas tort. Peut-être avait-il vu les tours et détours que me réservait la vie. Petit résumé d’un itinéraire en forme de marelle : Études de médecine pour commencer, pour faire plaisir à papa et réaliser dix ans plus tard que, décidément, ça ne m’intéresse pas. Par hasard, j’entre au Quotidien du Médecin où je découvre que médecine et surtout journalisme me passionnent. Puis le Monde, puis Libération et toujours la passion du journalisme avant de réaliser que, bien plus que l’actualité et les intrigues de la presse, mes passions vont à l’écriture et aux voyages. Je publie un essai, j’écris un roman, je quitte Libération : je vais écrire, lire et voyager. La Plus Belle est publiée chez Denoël et je ne sais pas encore que l’édition est autrement plus compliquée que la presse. Je voyage, je vis à New York, à Venise, publie des essais, je rentre à Paris, deviens ghost-writer pour célébrités, publie des nouvelles ; mais je n’arrive plus à publier mes romans, que je n’envoie même plus aux éditeurs. Et c’est là que je rencontre Vincent Engel et grâce à lui et aux éditions Edern, me voilà éditrice. Je lis, j’écris, je relis : mon rêve, enfin.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

Share by: