Véronique Biefnot
Véronique Biefnot
Le portrait onirique de Véronique Biefnot
Le portrait onirique de Véronique Biefnot
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Quel rêve abracadabrantesque !
Véronique Biefnot, grande dame
de la littérature, publiée chez Héloïse d’Ormesson est sur scène,
vêtue d’un habit blanc, élégant mais déchiré aux hanches, deux
bras gauches le long du corps, pendus, détendus, une colombe
blanche posée sur deux bras droits, tendus eux par contre. En
entrant dans ce cabaret presque malfamé, on sent la décadence,
celle d’une époque sans âme, loin de la grandeur délirante du
mouvement Panique
, nous ne sommes peut-être plus dans un
rêve mais dans le cauchemar d’un monde où s’accumulent de
minuscules drames paroxystiques. À côté de la romancière, un
nain qui chante, entonne, lit, récite en polonais des psaumes
bibliques. Un verre de Bourbon sans glace à la main, j’observe ce
tableau navrant : aux tables tous les clients mangent des oiseaux
sans tête, sur scène Véronique Biefnot est sensée faire un numéro
de magie ou quelque chose d’approchant avec cette colombe
blanche mais rien ne marche. Le public, à moitié mort, ne réagit
plus à rien, robotisé, le cœur vide, la tête vide, il n’agit plus, ne
pense plus, il mange son oiseau sans tête
. Tout est blanc dans ce
rêve angoissant, l’oiseau, l’habit de la magicienne, le décor mais
aussi les foulards qu’elle agite de ses quatre mains pour tenter de
stimuler l’oiseau. Elle dit en italien : Su ! Giù !
L’oiseau est figé, il
pourrait être de bois ou sorti tout droit d’une imprimante 3D. Elle
pousse l’oiseau à danser, à voler, mais rien, rien, rien ne marche
dans ce tour de magie insensé. Un spectateur se lève, énervé,
monte sur scène. L’homme a des faux airs de Mick Jagger. En
son absence, je m’assieds à sa table : des livres de William Blake,
Rimbaud, Castaneda, des précis de magie noire, d’oc
cul
tisme
et des mystiques. Je me retourne espérant croiser le regard de
Marianne Faithfull. Rien. Pendant ce temps, Mick Jagger donne
des cours de danse sur scène à l’oiseau et font tous les deux de
belles pirouettes colorées. Le public s’émeut un peu, toujours
atrophié par le poids de son inconsciente dégradation. Mick quitte
la scène en s’écriant : le secret de la danse, c’est le jaune !
Tout le
monde applaudit. L’atmosphère se détend. Il retourne à sa table,
me voit et me dit : cette femme écrit remarquablement bien mais
ses tours de magie sont des flops hallucinants. Qui êtes-vous ?
Je
me lève, je lui sers la main, Véronique Biefnot nous rejoint, je lui
sers la main aussi et je dis : mon nom est Patrick Lowie, clinicien
des rêves, motivateur de robots, écrivain de cœur. Si je puis me
permettre Madame Biefnot, pendant tout le spectacle vous aviez
des oiseaux de mauvais augure invisibles qui tournoyaient au-
dessus de votre tête cherchant à faire un nid dans vos merveilleux
cheveux rouges. Sur scène, votre âme est devenue peureuse, vous
hésitiez à prendre « Le chemin » que vous avez peint, immense
et très beau tableau. La suspicion c’est lorsqu’on a peur et que
l’autre ne vous rassure pas. Êtes-vous rassurée ? Castaneda
écrivait : « Ce que je tiens mentalement pour la réalité du monde
n’est qu’une simple description du monde dont on m’a gavé dès
ma naissance ».
C’est à ce moment précis que des milliers de
têtes d’oiseaux sans corps, murmures de la terre, se jetèrent sur
moi pour me faire taire.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Véronique Biefnot, née en 1961 à Colfontaine, est une actrice, metteur en scène et romancière belge d'expression française. Elle est l'auteure de Là où la lumière se pose (Paris, Éditions Héloïse d’Ormesson).
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com