Vincent Engel
Vincent Engel
Le portrait onirique de Vincent Engel
Le portrait onirique de Vincent Engel
Partager
Il m’arrive parfois de passer des soirées bien arrosées avec des
inconnus tout en ayant l’impression de passer du temps avec des
amis abstèmes. L’esprit vagabond sans doute. C’est exactement
ce qu’il s’est passé dans ce rêve. Il y avait du monde dans le
bungalow en décrépitude, celui qui résiste mal au temps le long
d’une plage d’Estoril proche de la praia do Tamariz,
je crois.
Ma mémoire flanche un jour sur deux. Pour entrer dans ce
groupe d’initiés, le baptême consiste à boire un litre et demi de
cachaça et de s’affaisser comme un pantin dont les fils auraient
subitement cassé. Se réveiller sans malice, les gyrophares de la
police projetant ses lumières bleues sur les visages roses et les
murs beiges. On me raconte que cette nuit j’aurais étranglé une
chanteuse de fado d’origine uccloise. Elle s’appelait Lætitia. Un
homme bienveillant s’approche de moi et se présente : Patrick
Lowie ? Je me présente, mon nom est Vincent Engel, je suis écrivain,
vous venez de tuer ma protagoniste du « Miroir des illusions »,
vous n’auriez pas vu Raphaël ? Je suis conscient que ce n’est pas
très joyeux tout ça.
Confus, je suis menotté depuis quelques
minutes déjà, impossible de lui serrer la main. Pourtant l’envie
ne m’en manque pas. Je lui explique n’avoir aucun souvenir de
cette Lætitia et ne pas connaître Raphaël. Il dit entre ses dents : je
vous remercie pour cette vengeance... à charge de revanche.
Il me
fait un subtil clin d’œil avant de continuer : un jour, j’ai rêvé que
pour une raison inconnue et certainement absurde, je devais tuer
mon adorable petite chatte. Je l’ai étranglée et la féline se laissa
faire,.... je l’étrangle, l’étrangle, étrangle et rien, elle ne meurt
pas dans l’angle de mes songes. J’étais peiné ceci dit. Je n’avais
aucune idée précise de cette nouvelle conscience qui m’envahissait
depuis quelques jours. Conscience de tueur en herbe. Elle m’avait
prise au dépourvu. Ce désir de tuer mes personnages de romans
envahissant mes journées tourmentées.
Je l’observe et je lui
dis : vous devriez vous laisser pousser les cheveux, ça vous irait bien,
puis nous ne sommes pas en Toscane ici. Les scénarios se mêlent
les pinceaux.
Je trouve Vincent Engel particulièrement élégant
dans son costume blanc, raffiné, beau, son regard trouble les
meilleures intentions. Il pourrait chanter de la bossa nova au lieu
d’écrire,
pensai-je. Et je rajoute : c’est pourtant bien vous qui avez
écrit que les beaux rêves faisaient les vies tristes
(Les Angéliques) ? Je vais vous dire, l’état de votre chatte était trop grave, impossible
de la sauver, vous deviez l’achever. Ce que nous avons fait à deux.
Après je ne comprends pas le lien avec votre Lætitia.
Je n’ai rien
lu de Vincent Engel, mais en un instant, tous les mystères de ses
livres se projettent sur l’écran de mon subconscient et avec le
brin moqueur qui me caractérise je lui dis : vous savez qu’il n’y a
qu’un seul r à Montechiaro ?
Raphaël entre en scène : Je vais vous
dire inspecteur, la pire des banalités sait toujours se parer des
couleurs de l’inédit
(Retour à Montechiarro), c’est moi qui vous le
dis
. J’observe l’écrivain et ses joues qui rougissent.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Vincent Engel, né à Uccle le 20 septembre 1963, est un écrivain belge de langue française. Professeur de littérature contemporaine à l'Université catholique de Louvain (UCL) et d'Histoire des Idées et de Formes Littéraires à l'IHECS, il a écrit de nombreux essais, romans, nouvelles ou pièces de théâtre. Il est aussi critique littéraire et chroniqueur ; à ce titre, il a collaboré avec Le Soir, Victoire (supplément hebdomadaire du Soir) et Mint en radio. Depuis 2014, il collabore avec La Première, en tant que chroniqueur dans plusieurs émissions (CQFD, "Dans quel monde on vit", "Débat Première"…). En tant que dramaturge, il collabore régulièrement avec Franco Dragone, notamment sur les spectacles The House of Dancing Water à Macao et The Han Show à Wuhan.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com