Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques (2017) aux éditions P.A.T.
Stéphanie Gaou
Stéphanie Gaou
Le portrait onirique de Stéphanie Gaou
Le portrait onirique de Stéphanie Gaou
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C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
Hamilcar, papa de Salammbô. image du seigneur, reflet de l’époux.
Il me semblait bien que l’incipit du roman de Gustave Flaubert
commençait ainsi. Je referme donc le livre avec une petite joie non
dissimulée et je le remets dans ma bibliothèque entre Madame
Bovary et le poème en sept chants d’Avédik Issahakian, où on peut
lire Va, ma caravane ! Qu’avons-nous laissé derrière nous qui mérite
un regret ?
Stéphanie Gaou, auteure des Capiteuses
, assise dans un
fauteuil de sa célébrissime librairie, Les insolites,
de Tanger, en ces
nuits où les livres semblent être feuilletés par des doigts invisibles,
elle est là, rêvassant en technicolor. Posant ses personnages sur un
écran digne des années 1970. Un projecteur 16mm. Une lampe qui
crée le plus bel effet sur la poussière qui vole. Elle se voit à cheval à la
façon de La Reine Isabelle de Bourbon
peint remarquablement par
Diego Vélasquez, elle se voit dans un Casino sur l’eau, elle se voit à
La Marsa, elle se voit sur des plages du Sénégal, elle se voit rajeunir,
elle se voit jouer au baby-foot avec les mauvais garçons où la vérité
des sentiments n’a rien à voir avec l’authenticité du désir
. Et quand
j’écris elle se voit
il faut comprendre elle crée
. En pénétrant dans son
officine de mots, moi qui voulait juste m’acheter un livre au hasard,
je la découvris donc somnolente, et sur l’écran j’observe ses rêves tel
un spectateur malgré lui d’une vie fantasmée. Stéphanie Gaou rêve
en épisode, rêve en séquence, sublime les phénomènes psychiques
éprouvés au cours de ses sommeils. En tentant de m’asseoir pour
ne pas brusquer ses songes, un livre s’écrase sur mon pied droit.
Elle se réveille : Patrick Lowie, que faites-vous ici ? Que faites-vous
à Tanger ?
Ma réponse était préparée, je la récite : en 1998, quand
je suis venu ici pour monter Mistero Fo au Palais Moulay Hafid, je
suis entré dans une téléboutique, j’ai ouvert l’annuaire de la ville et
j’ai cherché le téléphone de Paul Bowles. C’était par jeu évidemment.
Je ne pensais pas que l’écrivain était dans l’annuaire. Pourtant, il
y était. Je suis devenu blême. Savez-vous pourquoi ? Parce que je
n’ai pas osé l’appeler. J’aimerais changer le cours de cette histoire.
Débuter un roman par « Allô Monseur Bowles, je suis à Tanger, en
face du Théâtre Cervantès. Je vous attends. Qu’en pensez-vous ? ».
Elle me regarde d’un œil sévère et me dit : J’étais en train de prendre
le chemin sur la gauche, la ville m’était encore invisible, tout ce
que j’avais décrit était là, comme disponible. Tous mes rêves sont
exactement comme dans la réalité.
Le projecteur s’est éteint, on
sort de sa pharmacie de l’Humanité, nous n’emportons rien pas
même un livret d’Opéra. Je lui récite par cœur les mots d’Abou-
Lala Mahari : Calme, d’un pas égal, la caravane avançait, au doux
tintement des clochettes. Elle s’en allait vers le désert, vers des lieux
non souillés, vers les inconnus lointains.
Publications & anecdotes
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Bio
Stéphanie Gaou est née à Cannes mais vit à Tanger depuis 2004, terre qu'elle a choisie pour écrire, ouvrir une librairie et se fondre dans sa seconde nature. Elle organise régulièrement des événements culturels de belle envergure dans la ville du Détroit. Elle a publié poèmes et nouvelles aux éditions L'Harmattan & géhess, et un long récit-poème chez Al Manar en 2016 : Capiteuses. Elle participe régulièrement à l'écriture de courts-métrages et de livres.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com