Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.
Cristina Godefroid
Le portrait onirique de Cristina Godefroid
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Bonjour, j’ai pris la difficile décision de venir vous voir. J’ai découvert vos très belles œuvres, sombres mais éclatantes, lors d’une exposition collective à Bruxelles, cela n’a pas été facile de vous retrouver. Personne n’avait vos coordonnées à la galerie, personne ne semblait vous connaître, personne ne semblait vous avoir rencontré, ils ne se souvenaient même plus de qui avait accroché vos tableaux aux murs et plus invraisemblable encore : le galeriste n’avait pas votre nom dans sa liste d’artistes. « C. Godefroid », votre signature énigmatique ne me donnait pas beaucoup d’indices. Des Godefroid, il y en a beaucoup en Belgique, tous descendants de Godefroy de Bouillon sans doute, et j’aurais pu enquêter jusqu’à Jérusalem si nécessaire. Bref, nous voilà. J’ai acheté cette œuvre, la voici. Êtes-vous bien C. Godefroid ? Avez- vous peint ceci ?
La jeune femme semblait à peine réveillée, normal, il est six heure trente d’un matin pluvieux à Bruxelles. L’observant, hésitante, à l’esprit balbutiant, au regard profond, aux yeux d’une beauté céleste, elle me dit d’un accent fleuri V ous avez choisi une des plus spontanées.... Mais, je vous connais, vous êtes Patrick Lowie ! C’est vraiment très étrange d’ouvrir ma porte et de tomber sur vous. Oui, je suis Cristina Godefroid mais ce n’est pas mon vrai nom. Je trouve qu’il me va tellement bien. Il raconte toute mon histoire. C’est mon nom d’artiste. Venez, entrez !
Elle m’invite dans sa tour de siège. Je lui explique que je ne veux surtout pas la déranger et qu’elle n’est pas obligée d’ouvrir la porte à un inconnu. Un inconnu ? Ahahhah ! Mais vous plaisantez j’espère. Vous êtes un être très compliqué savez-vous, un esprit complexe, j’adore. Combien l’avez-vous acheté, ce tableau ?
Je préfère rester silencieux sur le prix.
Je n’avais pas compris qu’elle me parlait d’un rêve. Et la confusion était liée au fait qu’elle me montrait les marques du bûcher au sol. Mais, si c’était un rêve, lui dis-je, les marques ne sont pas réelles ? Et sans ajouter un mot elle hocha la tête d’un oui timide mais qui ne prêtait à aucune confusion. Puis-je revenir à votre œuvre sans trop vous brusquer ? Voilà, donc le renard c’est moi. Je regarde cette famille, ma famille, comme si c’était mon enfant intérieur. Un peu comme si j’étais parti en voyage vers les étoiles et que je les aurais enfermé dans cette pièce, comme si cette famille était en moi et hors de moi. C’est le but de ma visite. Cristina Godefroid me regarde puis regarde son tableau. Vous avez peut-être raison. Ce théâtre familial m’est venu aussi dans un rêve. J’ai peut-être rêvé de vous. Attendez, je vais chercher mes carnets où je les écris tous.
Je ne savais comment la remercier. Et elle me dit : Ne me remerciez pas. Je n’ai pas encore donné de titre à ce tableau. Un rien timide, je lui dis : Théâtre familial.
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