Sophie Bernado
Sophie Bernado
Le portrait onirique de Sophie Bernado
Le portrait onirique de Sophie Bernado
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Bonjour Sophie Bernado, je suis votre voisin de palier, je vous
vois régulièrement entrer dans votre loft avec votre marmite et
vos instruments. J’ai une question délicate à vous poser : savez-
vous jouer le nâgasvaram ?
Comme interloquée par ma question,
elle ne bouge plus. Figée. Vous êtes qui ?
me lance-t-elle. Votre
voisin de gauche, Patrick Lowie, j’accompagne les êtres humains
dans leurs rêves. Là, on est dans un rêve, et je me suis dit que
vous emmener en Inde, cela pourrait vous plaire. Je sais, je sais,
vous aimez tout faire : de la musique de chambre à la hiphop
en passant par le flamenco. Et je sais aussi que vous avez été
initiée à la musique indienne auprès de Patrick Moutal, grand
spécialiste de la musique du nord de l’Inde. Là, je vois que vous
êtes armée d’un très beau fagotto.
Je n’ai pas l’habitude de parler
autant, surtout dans les rêves. Il est possible aussi que je n’ai
rien dit de tout cela. Il est probable que mon subconscient soit
entrain de me jouer un vilain petit tour. En tous les cas, c’était
une conversation muette extrêmement agréable. Le silence est un
aveu,
écrivait Euripide. Suivez-moi, et pour vous prouver que je
suis prêt à vous sacrifier tous mes plaisirs, je vais parler à haute
voix.
Dans ce rêve, nous partons à Kochi, assis dans la Paradesi
Synagogue
, sous des lampadaires de cristal Val Saint-Lambert.
Je voulais y déposer les méandres des sons de cloche. Se laisser
transporter par la musique du basson. Sophie Bernado se lève,
belle cape noire portée comme une reine, le cristal des lustres en
guise de couronne. Je suis déjà venu ici il y a plus de vingt ans,
me
dis-je. On doit bouger. Je sens les énergies se brouiller, c’est de
mauvaise augure. Nous partons sur la plage, un orchestre de sons
se jette sur la rive, les pêcheurs du bord de mer ont disparu. Plus de
pêche au carrelets. Plus de filets. Des bruits étranges s’échappent
des vagues. Comme si la mer était malade, offensée. Face à nous,
l’océan. D’un coup muet comme un monstre. Puis la vague géante,
le tsunami, la vague de la taille d’un immeuble, d’un gratte-ciel.
Sophie s’élance, avec sa marmite et ses instruments, elle vole,
vole au-delà, au-dessus de la vague. Le tsunami emporte tout.
M’emporte. Je la vois se poser sur un ponton. Une brise paisible
lui caresse le visage, elle chante La chanson de spiruline : chuis
l’esprit d’la mer, pas l’air éphémère, y a tellement à faire, pour
sauver les océans.
Les eaux deviennent calmes. J’exécute une
descente subaquatique. Puis l’intranquillité, rien que du silence.
Au loin, un enfant nous observe : l’enfant du Kerala
. Le soir,
dans un restaurant de la ville, thalis, chutneys, idlis, dosas,...
tout est là. Des micros, des musiciens, un nâgasvaram posé.
Des hommes se maquillent depuis quatre-vingt-dix minutes sur
scène. Je regarde Sophie et je lui dis : vous avez stoppé le tsunami
aujourd’hui.
Elle me demande si j’en suis sûr. Je lui propose
de jouer au nâgasvaram
, je sais que ce n’est peut-être pas très
orthodoxe de jouer cela au théâtre KathaKali ni même par une
femme, mais lorsqu’on met en scène la bataille entre le bien et
le mal, il faut imposer les atouts majeurs pour sauver les océans.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Depuis septembre 2016, Sophie Bernado est une musicienne, elle joue entre autres aux côtés de Hugues Mayot, Valentin Ceccaldi, Théo Ceccaldi, Joachim Florent dans le nouveau groupe de Hugues Mayot l’Arbre Rouge inscrit dans les petites formes de l’ ONJ Jazz Fabric et aux côtés de Rafaelle Rinaudo et Hugues Mayot dans le trio improvisé Ikui doki. Elle accompagne aussi Emily Loizeau sur son dernier disque Eaux Sombres. Elle est co-scénariste, compositrice, musicienne et chanteuse du conte pour enfant (livre disque) Les symphonies subaquatiques accompagnée de Dominique A, Agnès Jaoui et Jacques Gamblin.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com