Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques (2017) aux éditions P.A.T.
Safaa Mazirh
Safaa Mazirh
Le portrait onirique de Safaa Mazirh
Le portrait onirique de Safaa Mazirh
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Je me souviens quand Safaa m’a présenté ses premiers clichés en
N&B avant ses premières expositions. C’était sur son ordinateur,
j’essayais de me concentrer entre la musique psychédélique, les
commentaires sonores du FIFA 13
sur une PSP4
, les cris d’un bébé,
un bracelet posé, l’appel à la prière qui couvrait d’un seul coup
la ville et cette résistance intérieure à comprendre à travers les
images, la souffrance, le désir, les craintes, la violence aussi d’une
jeune femme belle comme un été à émouvoir, sa propre violence,
son propre sadisme, son regard comme si elle était le miroir d’un
monde qu’elle essayait de déchiffrer, comme si les pixels allaient la
sauver d’une torpeur. De l’autofiction, art merveilleux, à l’entre-je,
il y a, dans les photographies de Safaa Mazirh une introspection du
corps, de la peau, des nerfs de la peau, de l’intransigeance à être soi
dans le je. Mais il y a aussi cette peur du surnaturel, de l’au-delà, de
Dieu, au point de l’inscrire dans chacun de ses autoportraits aussi
flous que le désir de tout montrer sans rien faire voir. Au point de se
transformer en masque Ibibio parlant ou d’entrer en transe. J’essaye
de lui expliquer cela dans le labyrinthe bien gardé de la médina de
Rabat, essayer de lui faire comprendre qu’il n’y a rien à craindre de
ce qu’on a fait même si c’était des bêtises. Elle me raconta son rêve :
lorsqu’elle était enfant, elle avait cinq ou six ans, et une boule de feu
la suivait, elle courait le garou
à n’en plus finir, elle avait peur d’être
tuée par cette boule, persuadée que cette boule de feu était Dieu et
qu’elle avait fait des choses qu’elle ne pouvait pas. C’est alors, que
je lui ai dit : Viens, je vais t’emmener chez la femme à clous. Tu vas
me photographier pendant qu’elle enlève mes propres phobies, mes
propres maladies. Tu verras que le jeu de miroir va fonctionner à
merveille. En enlevant mes peurs elle enlèvera les tiennes.
Elle n’était
pas très convaincue de ma proposition, arrivés devant la maison
de la femme à clous, on découvre que la porte était définitivement
clouée elle aussi. Je regarde par le trou de serrure et je vois des
poupées entassées, des poupées nues, laides mais belles, au regard
diabolique, des bébés-enfants projetés dans un miroir brisé. La
lumière semblait passer par d’autres ouvertures dans cette cachette
mystérieuse. Safaa me tira du bras en me disant : On part d’ici, c’est
trop dangereux !
Comme quatre enfants, je voulais rester et au fond
d’elle, elle voulait rester aussi. Mais la lumière devint plus intense
à en devenir une boule. Et je me vois, je nous vois, gamins, courir
comme des chats effrayés à la vue d’un concombre. Au réveil de
ce cauchemar digne d’un Alfred Hitchcock présente,
je pensai à une
seule chose : Safaa, au lieu d’être effrayée par l’au-delà, elle devrait
puiser les forces vitales de son regard dans les cieux, se nourrir
d’inspirations divines, d’esprits supérieurs, pour révolutionner l’art
photographique.
Publications & anecdotes
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Bio
Artiste autodidacte, Safaa Mazirh s’est confrontée pour la première fois à la photographie dans le cadre des ateliers de l’association fotografi’art qui regroupe à Rabat plusieurs jeunes photographes. Fascinée par les mouvements du corps sur scène, elle a rapidement engagé un travail sur cette thématique avec plusieurs compagnies de théâtre. De leurs spectacles, Safaa Mazirh a su retenir l’art de la mise en scène, en construisant en quelques mois un théâtre photographique du réel.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com