Maxime Farrayre
Maxime Farrayre
Le portrait onirique de Maxime Farrayre
Le portrait onirique de Maxime Farrayre
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J'observe dans la grande cour du château un éléphant
rose qui tente de passer inaperçu. À sa vitesse habituelle,
rythmée par sa timidité légendaire, il se dirige vers la
forêt d'eucalyptus. Je le suis sans me faire remarquer et je
vois le feuillage qui ne garde presque aucune trace de son
passage. Alors que sous mon poids les feuilles s'écrasent,
se pulvérisent, sous la masse de l'éléphant tout reste intact.
Il va plus vite, je le perds de vue, plus aucune trace. En
revenant dans la grande cour du château, j'ai beau expliquer
à haute voix avoir vu un éléphant, personne ne me croit,
tout le monde me dit que je rêve de trop et que ça va finir
par me jouer des mauvais tours. Sauf une personne. Sauf
l'irrésistible Maxime Farrayre qui, tout en s'approchant de
moi, murmure : j'étais une feuille, j'ai senti sa présence, il ne
m'a pas écrasé car un peu auparavant de devenir feuille, je
lui avais donné un fruit de ma propre main. Les éléphants
ont une mémoire reconnaissante.
Cela fait longtemps que
je me dis qu'il est bien difficile d'interpréter les rêves des
autres. Les symboles existent, bien sûr, mais les rêves
sont fortement liés à la culture, l'histoire de nos familles.
Après un long silence et tout en gardant un sourire aux
lèvres pour indiquer mon approbation je lui réponds : merci Maxime pour votre témoignage, je ne voudrais pas
qu'on me prenne pour un fou dans ce château.
Le château
était très beau, situé dans une région que je ne connaissais
pas. Probablement entre Arras et Paris. Nous étions tous
habillés en comédiens du XVIème siècle prêts à jouer
un mystère profane à la demande des propriétaires du
château. Nous avions très peur car ce n'était pas notre
public habituel. Nous aimions jouer dans la rue comme en
Angleterre mais en France tout était devenu dangereux et
des rumeurs d'interdiction des mystères allaient bon train.
Maxime se signa à plusieurs reprises et, après maintes
génuflexions se mit à rire et fit rire tout le monde. Il adorait
jouer avec talent son rôle des tableaux vivants dans la vie
de tous les jours. Sauf qu'ici nous étions dans un rêve. Ceci
étant,
dis-je avec emphase, je ne comprends toujours pas
la présence de cet éléphant en France en 1532.
Derrière
les tréteaux, les décors représentaient la ville de Bruges,
nous aimions tous cette ville, à la croisée des cultures, on
y parlait de nombreuses langues dont l'arabe et le vénitien. Ne rêvez pas devant Bruges Patrick Lowie,
me dit Maxime
Farrayre tout en m'observant de son regard pétillant, les
rêves nous jouent trop souvent de mauvais tours. Venez, je
vais vous présenter à ma grand-mère.
Nous sommes partis
dans un village voisin, à une quarantaine de kilomètres, nous
sommes entrés dans un appartement, j'ai salué sa grand-mère,
sa mère et sa soeur. C'est ici que j'habite,
précise-t-il, c'est ici que nous habitons tous ensemble.
Je m'approche de
la fenêtre, je me rends compte qu'elle donne sur la grande
cour du même château, les nuages s'amoncellent. Tout
devient gris, le ciel, les arbres, la lumière, nos peaux, même
nos coeurs. Je vois l'éléphant, je me vois, je vois Maxime
se transformer en feuille. Je sentais en moi le désir de
comprendre et de grandir. À l'improviste, un serpent boa
géant bleu gris ondule dans la cour, il semble vouloir nous
attaquer. La grand-mère s'avance et dit : s'il tape dans les
vitres avec son sandwich, c'est foutu.
Le serpent tenait dans
sa gueule un grand truc rectangulaire. Il nous menace,
brise toutes les fenêtres de l'appartement. Nous sommes
effrayés. Le serpent boa bat en retraite, retourne dans la
cour, s'approche de l'éléphant qu'il avale tout entier puis
digère sa proie. Maxime se relève, les mains pâles, et dit : désormais, le serpent aura une mémoire d'éléphant.
J'ouvre
les yeux, je suis seul avec un enfant de onze ans, les cheveux
bouclés : Patrick, vous vous êtes endormi, j'aimerais cesser
de dessiner des chapeaux. Pensez-vous que les éléphants
sont sensibles à la musique ?
On a rêvé sans musique. Muet,
je sens dans l'enfant l'homme naître, je vois en lui la force
de son talent, comme un rayon, je vois les films qu'il réalise,
ses maîtrises dans le théâtre, je le vois célébrer ses succès, je
le vois dans les partitions de sa vie.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Je suis né le 15 juin 1992 à Fontainebleau. J'ai suivi une formation d'auteur/réalisateur à l'Université Paris 8, et de comédien à La Fabrique du Comédien. J'ai écrit et réalisé trois courts métrages et un clip musical. En tant que comédien, j'ai interprété des petits rôles dans des série télévisées, notamment Sam, avec Mathilde Seigner. J'ai également interprété et participé à la mise-en-scène d'une adaptation de La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco, au Théâtre Darius Milhaud (Paris 19ème).
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com