Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.
Olivier De Wulf
Le portrait onirique de Olivier de Wulf
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Dans le rêve, parce que bien sûr tout cela est un rêve que j’oublierai sans nul doute au réveil, je me vois dans un bar à Bruxelles, la fin des années quatre-vingts, io vorrei... non vorrei... ma se vuoi de Mina, un photographe de talent brésilien, la grisaille des murs, la nonchalance de jeunesses hybrides, une certaine perdition qui nous donnait l’impression d’être grands. Je connais Olivier depuis plus de trente années, et le fil des années s’efface, rêve endormi, rêve éveillé ? Ce n’est même plus un puzzle, me dit-il. Il a raison, ça ressemble à la compression d’un disque dur pour libérer de l’espace vitale, tout semble brouillé. Il s’approche de moi : Patrick Lowie ? Je vais vous vouvoyer le demi-temps d’un rêve, vous allez m’aider, c’est important pour moi. Voilà, dans mon rêve, je suis allé visiter un café qui va s’ouvrir dans un espace communautaire au milieu d’un des quartiers les plus défavorisés de San Francisco. J’ai rencontré le manager et je leur ai exposé ma vision de comment proposer “Neurasonic” dans l’espace. Nous avons parlé de personnes retraitées, de familles qui viendraient pour profiter de la plaine de jeux, d’adultes en quête d’un endroit paisible où la musique serait encline à permettre une introspection ou des conversations plus feutrées. Nous avons pensé à ce que cela pourrait apporter à l’atmosphère du lieu qui est tout nouveau, mais qui est installé à l’endroit où les abattoirs de San Francisco se trouvaient au début du siècle. Bref, permettre à cet endroit d’être un endroit de paix, de rédemption, de souvenirs et d’intégration. Et c’est vraiment le rêve de ma vie qui commence à se réaliser.
Je regarde par la fenêtre, un bref regard sur les arbres, je suis enfin à San Francisco. Je me retourne et dis à Olivier De Wulf : vous m’emmènerez à Ojai ? C’est loin d’ici ? J’aimerais emporter dans ma mémoire l’air qu’a ressenti Krishnamurti avant de mourir. Vous êtes une belle personne, Olivier. Votre rêve éveillé ou pas transformera votre chemin. Vous avez chamboulé ma vie et celle de beaucoup de gens. Cette noblesse me réconforte car avoir de vrais amis nobles, ça ne court pas les rues en ce moment. Vous le savez, cher Olivier, “la Vérité est un pays sans chemins” 2 . En cet instant, Pessoa aurait dit que certains regards libèrent plus complètement que ne le ferait tout un voyage en Erythrée. Je pense comme lui et j’irais plus loin : beaucoup de rêves libèrent aussi, donc agissez, vivez votre rêve ! J’entends au loin des chants grégoriens. J’enlève mon casque, la session n’est pourtant pas terminée. Je veux courir dans les couloirs de l’Abbaye mais il me retient par le bras. Je veux courir dans le parc, mais mes jambes se perdent dans le labyrinthe des mois, d’émois. Les substrats de nos rêves sont nos éveils. Je crie : Mapuetos, Mapuetos, je ne peux plus attendre, je ne peux plus perdre de temps, je dois enfin trouver Mapuetos et y vivre ! Y vivre ! Je glisse, je tombe, … je me dis : n’oublie pas que tu guéris les autres en écrivant. Olivier De Wulf me sourit, s’approche de moi : merci encore du travail collectif que tu réalises.
1 La pendule endormie, Hervé Picart, ed. Le Castor Astral
2 Krishnamurti
Publications & anecdotes
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