Martine Rouhart
Martine Rouhart
Le portrait onirique de Martine Rouhart
Le portrait onirique de Martine Rouhart
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Christian Bobin a écrit dans son livre « L'autre visage » : Caravane de l'attente avec ses deux chameaux, solitude
et silence.
Martine Rouhart m'attend patiemment dans
son grenier, pas vraiment celui de son enfance à Mons en
Belgique, non, pas le vrai, avec ses trois pièces biscornues
où le soleil faisait valser la poussière. Non, elle m'attend
dans son grenier rêvé, plus petit que dans la réalité mais
aussi perché plus haut, presque à hauteur des nuages.
Elle m'attend avec ses deux chameaux. Je ne suis jamais
en retard mais elle s'est assise plus tôt que prévu pour ne
pas me rater. Une première rencontre avec un inconnu
est souvent la dernière. Elle repense aux marches pour
en arriver là, grimper des marches comme on grimpe une
montagne, un effort sans faille, un voyage en soi, faire
monter l'aventure. Pendant ce temps, je prends mon envol
de chez moi, je parcours des centaines de kilomètres par
monts et par vaux sans pour autant avoir promis monts et
merveilles. Je ne promets que ce que je pense être capable
de faire au moment de la promesse. Martine Rouhart écrit
des poèmes sur la paume de sa main. Plus elle écrit, plus
les mots s'effacent comme pour ne donner de l'importance
qu'au temps présent. La poésie en addiction, les mots en
intraveineuse, la mer en sourdine, les lignes de la main
oublient le futur. Je survole Mons, je la vois entre son
grenier perché et ses chameaux épuisés. Je la vois écrire : qui se soucie / des courbatures du jour / glissant dans la
somnolence / comme l’eau traînante / d’un fleuve / qui se
soucie / de l’onde obscure / de la nuit / puisque chaque soir
/ l’on pense / à une nouvelle aube / grise et douce.
Et tout
s'efface lorsqu'elle me tend la main. Elle est assise par terre
au milieu de caisses et de livres. Je m'approche d'elle, je la
regarde en penchant la tête, tel un pigeon, je lui parle mais
semble ne pas me comprendre. Je lui dis : s'il suffisait de
croire que les chameaux blatèrent pour dire je t'aime.
Elle
garde le silence, comme si elle n'avait jamais vu un pigeon
parler. Je lui dis encore : je suis allé à Mapuetos ce matin,
rien n'est perdu, en parlant aux plaqueminiers, ces arbres
qui grandissent sans fin et qui créent enfin de l'ombre là-bas,
ils m'ont indiqué où trouver la clé de votre cage.
Paupières lourdes, elle s'endort dans un premier temps, la
tête déposée sur le ventre de la chamelle. Pour la réveiller,
j'entonne doucement une mélopée monocorde. Sans effet.
Le jour se lève, après une nuit de chants, d'abandons, tel
un rituel. Nous sommes dans une espèce de cage, énorme,
sur un promontoire roux qui fend les flots d'un océan
vermeil. Martine Rouhart s'accroche aux barreaux, les
secoue, je glisse la clé couleur vert kaki dans une serrure
molle, comme une gâche qui reçoit le pêne, les barreaux
disparaissent comme par enchantement. Sur la rambarde
d'un balcon, au bord de la mer et du ciel qui se confondent,
elle me dit : je vous croyais pigeon, qui êtes-vous Monsieur ?
J'observe le soleil qui se lève, une demi-sphère qui gonfle,
pépite d'or qui devient miel… Je réponds : je suis le pigeon voyageur
qui reprend son envol, le pèlerin qui se relève,
étranger inconnu des hommes, je suis guérisseur des rêves,
ce n'était qu'une escale, mon nom est Patrick Lowie, je
reprends mon envol, disais-je, pour Mapuetos, la cage ne
vous emprisonnera plus, vous êtes lire (oups le lapsus !), libre
désormais.
La poétesse ouvre ses mains, ses mots s'envolent
à la Folon dans l'arrière-plan d'un monde en péril.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Née à Mons en 1954, Martine Rouhart a mené une carrière de juriste. Depuis toujours elle remplit des dizaines de carnets avec des pensées et des sensations prises au vol. Il y a dix ans, un sérieux problème de santé a remis en question ses repères mais c’est ce qu'il lui a donné l'impulsion qui manquait encore pour enfin approcher le rêve de ses vingt ans. Depuis, l’écriture a définitivement pris le dessus. Son sixième roman est paru en 2017 aux éditions Murmure Des Soirs. La pensée qui l’accompagne en toutes circonstances, c’est qu’il faut donner de la poésie à la vie, car vivre ne suffit pas. La poésie est son carburant. Elle vient de publier en 2018 son premier recueil de poésie Cueillette matinale. Elle est membre du Conseil d’Administration de l’Association des Ecrivains Belges et du CA de l’Association Royale des Ecrivains et Artistes de Wallonie.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com