Yumma Mudra
Yumma Mudra
Le portrait onirique de Yumma Mudra
Le portrait onirique de Yumma Mudra
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Tous ces hommes qui tournent sur eux-mêmes.
Qui tournent, tournent au point de nous donner le
tournis. De loin, je crus d'abord voir des éoliennes mais
en s'approchant lentement, c'était bien des hommes qui
tournaient devant le volcan Imyriacht.
Au-dessus des
hommes, des livres ouverts avec une seule phrase, les
mots de Djalal-ud-Din Rûmî, poète et mystique soufi du
XIIIème siècle : tout est un, la vague et la perle, la mer
et la pierre. Rien de ce qui existe en ce monde n'est en
dehors de toi. Cherche bien en toi-même ce que tu veux
être puisque tu es tout. L'histoire entière du monde
sommeille en chacun de nous.
Ce rêve est des plus étranges.
Une sensation de vide m'enveloppe depuis ma chute dans
le sommeil, tomber dans le vide, tourner dans le vide,
sans même réussir à s'envoler. Pourtant, ce qu'on aime
devient forcément notre destin. Les plages de Mapuetos
longent toute la côte ouest et je marche depuis des jours
sans but, j'observe les petites choses, ces petites choses
qui deviennent de grands amours. Je m'endors bercé par
les vagues qui envahissent mon corps. Je feinte de tout
oublier pour ne rien perdre. Une voix féminine me réveille,
elle murmure : je me souviens d’un rêve remarquable,
extrêmement court, une métaphore à un carrefour de ma
vie récente et qui l'a ouverte à une direction inattendue
mais que je pressentais pourtant. L’image vivante d’une
métamorphose intime, un souffle invoqué de la femme à
l’homme qui composent ensemble la matière de mon corps.
Je me relève, la voix est celle d'une très belle femme que je
vois au loin, son murmure pianote mes visions intérieures.
Cela fait des mois que mon corps refuse de s'élever, les
bateaux attendent au port depuis si longtemps, tout est
prêt, parcourir la planète pour trouver Mapuetos. Nous
sommes à Mapuetos,
me dit-elle plusieurs fois. Je n'en crois
rien. Je dois partir Yumma, je me sens sous l'emprise d'une
force malveillante, ces indices semblent irréels, Mapuetos
ne peut-être qu'un lieu onirique.
Son corps au loin se met
en mouvement. Souvent,
dit-elle, les rêves se confirment.
Les événements ont confirmé mon rêve, manifestant
l’incarnation d’une intuition, tout en bousculant
brutalement ma vie pour la faire basculer définitivement.
J’étais debout et, devant moi, un homme brun aux yeux
noirs, la peau basanée avec des cheveux mi longs bruns et
une barbe fine, les traits du visage précis, comme taillés
abruptement dans la pierre. Il avance vers moi dans la
pénombre. Nous ne parlons pas. Ce n’est pas quelqu’un que
je connais, nous avons approximativement la même taille.
Quand il s’approche de moi, je ne ressens absolument
pas d’émotion, ni ordinaire ni extra-ordinaire. La scène
est intense mais rien ne se passe de notoire en moi, je me
sens claire et profondément naturelle, normale, simple,
dénuée de toute complexité. Nous ouvrons les bras et nous
entrons l’un dans l’autre. Sans aucun vêtement mais je ne
me souviens pas de nos corps, aucune sensation de peau,
pas de sexe, aucune excitation ni mentale ni physique ou
sentimentale. Sa poitrine est nue, son coeur brille comme un
soleil. Embrassés de coeur à coeur, mon coeur est, lui aussi,
lumineux, mais je ne m’en étais pas rendu compte avant
d’approcher l’homme. Nos corps imbriqués par la poitrine
jusqu’à ne plus se distinguer l’un de l’autre tournent
ensemble comme celui des Derviches. Il n’y a aucune difficulté
technique au niveau de nos pieds ou de nos jambes pour
tourner car la sensation du bas du corps était similaire à
une absence totale de gravité. Les deux lumières de nos deux
coeurs ont fondu en une seule. Alors nous avons tournoyé en
deux corps bien distincts bien que ne faisant qu’un soleil.
Et je me suis réveillée. Quelque chose avait définitivement
changé, je le savais et je me sentais heureuse mais tout à fait
normale. Qui êtes-vous ?
Je lui réponds que je suis l'homme
hanté par Mapuetos, que je sais qu'elle s'appelle Yumma
Mudra, que je l'ai déjà rencontrée ailleurs dans ses transes,
qu'elle tournait tournait avec un homme brun aux yeux
noirs : je connais votre rêve,
lui dis-je. Je vous en supplie de
me laisser partir. Ne m'enfermez pas dans ce monde réel.
Elle s'approche enfin et me dit : Patrick Lowie, que cherchez-vous
en fin de compte ? Un chemin ? Votre chemin est fait de
vos propres pas. Un corps pour vous immerger dans un bain
de pétales ? Vous êtes les pétales. Partez si vous en ressentez
le besoin. Des personnes vous aiment mais se gardent bien
de vous le dire. Nous sommes peut-être à Mapuetos, mais
Mapuetos est peut-être ailleurs. Fiez-vous à votre intuition,
mais sachez qu'il reste trente-quatre marches.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Yumma Mudra, Chorésophe, est la fondatrice de Danza Duende Network. Mudra danse depuis sa plus tendre enfance. Auteur de « La Voie Qui Danse » aux éditions François Bourin, elle a réuni toute sa vie durant grâce à une pratique assidue de la danse intérieure, des clefs pour entreprendre la transmutation des émotions, la conscience de l’espace et l’union du masculin et du féminin. A travers le projet « Danza Duende » elle a éprouvé des voies pour introduire l’ouverture du coeur, la synergie conscientisée en interdépendance et la culture de la bienveillance dans des processus pédagogiques des techniques et de la rigueur artistique du corps holistique Depuis 2013, elle a rejoint Raji dans le souffle partagé de leur vie et dans la Chorésophie avec le duo « Samaya, le Rituel de la Rose » et de nombreux projets d'enseignements.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com