Ibtissame Lachgar
Ibtissame Lachgar
Le portrait onirique de Ibtissame Lachgar
Le portrait onirique de Ibtissame Lachgar
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Dans le rêve, Ibtissame Lachgar, psychologue clinicienne
psychothérapeute de formation et co-fondatrice du MALI
(Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles) au Maroc
est assise en face de moi, une table ronde nous sépare. Sur cette
table une quinzaine de vases en verre de Murano, dans chaque
vase : des fleurs de toutes formes, toutes origines, de toutes les
couleurs, au centre un vase plus grand qui ne contient qu’une
seule fleur : la Morning Glory
dont les graines sont employées par
les chamans pour des rites divinatoires. Je prends les graines que
je réduis en poudre puis je dilue dans l’eau et je filtre le tout avant
d’offrir un verre à la femme silencieuse, apeurée peut-être, assise
en face de moi et d’en prendre une gorgée moi-même. Vous allez
ressentir quelques troubles digestifs, une sensation de fatigue,
puis une apathie suivie d’une phase de sommeil... c’est un dérivé
du LSD,
lui dis-je. Du coup, nous entrons dans un deuxième
sommeil, un deuxième rêve. Je lui prends la main, et identique au
rêve-portrait que j’avais fait précédemment d'Ayoub El Omary
en entrant dans une pièce lugubre, puante et sale, des gouttes
de sang rouge éclaboussaient nos visages.
Sommes-nous dans
ce même cauchemar ? Est-ce la suite ? Après un long couloir
que nous arpentons difficilement, la fatigue nous noie dans une
apathie tellement puissante que je ne parvins à trouver en moi
aucune émotion. Carl Gustav Jung a écrit que sans émotions, il
est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie
en mouvement.
Est-ce cela qu’il manque dans ce pays ? De
l’émotion ? Le couloir sans fin, perdus dans le labyrinthe de la vie,
tragiquement inexistants. Je parviens à glisser quelques mots à
Ibtissame Lachgar : pensez-vous que nous pourrions faire un appel
à l’aide ?
Elle me répond doucement, sans souffle : Patrick Lowie,
les gens d’ici n’ont en eux aucune âme révolutionnaire, aucune
âme militante.
Après un long instant de conscience perdue, nous
observons au bout de la galerie souterraine quelques guirlandes
avec des lampions colorés. Les mêmes couleurs que les fleurs
sur la table ronde. Une porte s’ouvre, nous pénétrons dans une
salle immense. Un vieillard s’approche de nous et dit : vous êtes
dans le salon de Dieu, God, Allah, Elah, Saruta-hiko,....
puis
recule et pousse sur des interrupteurs qui allument des néons
bleus. On observe Dieu avec étonnement et ravissement : Dieu
est une femme, noire, trans et en fauteuil roulant.
Derrière elle,
un très haut mur béant, illuminé par l’univers entier. On plonge.
On atterrit à Rabat, capitale du Maroc, proche des Oudayas, à
deux pas du cimetière. Les pieds sur terre, je me sentais groggy
comme si j’avais reçu un ballon en pleine figure. Nous sommes
au deuxième jour du Ramadan, et nous observons des personnes
jeûner, d’autres pas. Nous voyons des êtres heureux, des couples
en tous genres, des garçons s’embrasser en plein jour, on ne sentait
plus aucune souffrance. Dans une parfaite cohésion. Quelle vision
irréelle !
dis-je. Ce rêve est incroyablement beau, d’une beauté
surhumaine, abyssale, d’une symbolique fantastique.
Ibtissame à
peine réveillée m’écoute et me dit : malheureusement, la notion
de symbolique n’est pas très bien comprise dans le monde arabo-
musulman.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Ibtissame Lachgar, surnommée Ibtissame Betty Lachgar, née en août 1975 à Rabat au Maroc, est une militante des droits de l'homme et féministe marocaine. Elle a cofondé, avec Zineb El Rhazoui, le mouvement MALI, un mouvement alternatif pour défendre les libertés individuelles au Maroc. Elle est aussi l'une des premières marocaines à assumer publiquement son athéisme.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com