Claude Semal
Claude Semal
Le portrait onirique de Claude Semal
Le portrait onirique de Claude Semal
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L'énigmatique écrivain britannique Samuel Butler
répond à la question
: qu'est-ce qui est apparu en premier
:
l'œuf ou la poule
?
par un cinglant
: la poule est seulement
un moyen pour l’œuf de faire un autre œuf.
On est en 1958
et on vient de visiter le pavillon chinois de l'exposition
universelle de Bruxelles. Claude Semal, qui m'accompagne
depuis les premières images du rêve — en Technicolor
— me propose de manger une frite avec beaucoup de
mayonnaise puis s'arrête net et me dit
: Patrick Lowie, mais
c'est quoi cette affaire, vous n'êtes pas encore né
! Que faites
vous ici
?
Je lui explique être le Maigret des rêves et que
j'enquête sur des tentatives de meurtres oniriques non
élucidés. D'ailleurs,
lui dis-je, vous-même, vous n'avez que
quatre ans.
L'atmosphère est particulière, on marche vers
l'Atomium, le fameux cristal de fer, un chameau passe
et repasse, tout le monde est travesti en poule, même les
poules. On voit sa maman partir vers la gauche, son papa
vers la droite, Tintin s'envoler vers son objectif
: la lune. Il
pleut depuis cent ans en Belgik, Denis Collard pond des
œufs à l'abri des regards dans un hangar. On entre dans
l'Atomium flambant neuf pour prendre Bruxelles de haut,
deux hommes habillés en jacquard pied de coq se marient
dans la dernière boule, je jette du riz puis un œil à travers le
hublot du navire, avec ma longue-vue de pirate, je regarde
au loin au cas où je trouverais enfin Mapuetos. Rien, pas
même son volcan. On s'assied pour boire une bière du
diable, Claude Semal observe les cuisines
: un jeune homme
et une belle femme se disputent pour savoir s'il faut mettre
du vinaigre dans la cuisson d'un œuf. Pour qu'il ne se fende
pas. C'est étrange,
me dit-il, j'ai déjà vécu cette scène, cette
scène. L'homme ressemble à mon père, la femme à la mère
de ma mère. L'œuf fendu, l'œuf, l'enfant mort... L'œuf fendu
est l'enfant qui va naître et l'œuf qui cuit est l'enfant qui
ne naîtra jamais. Quelle émotion de revoir cela. Dites-moi,
vous enquêtez sur quels morts
?
Je lui explique que dans une
impasse qui porte son nom, on a retrouvé des embryons
dans des bouteilles de vinaigre blanc entreposées dans le
sous-sol d'une maison sans fenêtre. Il n'a pas l'air étonné. Quelle délivrance
! Je n'ai plus envie de sortir d'ici,
me dit-il. Lowie, cessez de regarder dans votre longue-vue, vieux, vous
ne trouverez jamais Mapuetos.
En regardant vers le bas, je
découvre de petits êtres habillés en poules qui zigzaguent.
Tous les gens touchés par la maladie se transforment en
tonneau à sang. C'est horrible, terrible, cruelle, cette nouvelle
maladie contagieuse. Se transformer en tonneau ça doit faire
mal.
Claude Semal, me dérobe la longue-vue Swarovski
achetée ce matin à cent soixante mille francs belges chez le
brocanteur du futur
au 12, la rue de la révolution. Il observe
l'épidémie
: des tonneaux que des tonneaux. On s'accroche
à un poteau, l'Atomium se décompose, au sol on détale
comme des fous, on titube, un océan que dis-je un tsunami
de sang tente de nous engloutir. Et Claude qui crie
: tout ce
sacrifice, pour rien!
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Claude Semal est un chanteur, auteur, journaliste, chroniqueur, humoriste et comédien belge, né à Bruxelles en 1954. Homme de spectacle, chanteur, acteur, auteur satirique, parolier, pamphlétaire, journaliste et militant à l'hebdomadaire Pour (1974-1980), cofondateur du théâtre Le Café à Bruxelles, chantre critique de la belgitude, Claude Semal a enregistré une dizaine de CD, la plupart pour le label Franc'Amour, et produit une vingtaine de spectacles.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com