Alain Godefroid
Alain Godefroid
Le portrait onirique de Alain Godefroid
Le portrait onirique de Alain Godefroid
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Parfois, quand je me lance et que j’écris mes portraits
oniriques, j’ai l’impression, pas forcément sincère, d’y voir
une tentative pour me frayer un chemin vers Mapuetos.
On me reproche de ne pas en dire assez. Mais, comme je
l’ai déjà raconté aux amis et aux médias, je m’inspire des
milliers de feuilles manuscrites et signées feu Marceau Ivréa,
feuilles retrouvées dans un hôtel bruxellois. Mon travail
consiste juste à ordonner, assembler, déchiffrer et tenter,
tant bien que mal, de créer une œuvre. Je n’ai moi-même
que les informations que je découvre au fur et à mesure.
Par exemple, je ne sais toujours pas où est Mapuetos. C’est
pour cette raison, que j’ai fait appel à un vieil ami, que j’ai
connu galeriste, avant de comprendre qu’il était surtout
artiste et explorateur des mondes. Très bel artiste, créateur
de tableaux, bricoleur d’images, qui ressemblent tant à
des montagnes imagées, à des cartes orohydrographiques
d’un monde inconnu, invisible. Je l’ai chargé d’une mission
spéciale lors d’un vernissage de son exposition au consulat
du Qatar à Bruxelles
: Alain Godefroid, pourriez-vous partir
à la recherche de Mapuetos
? Vous êtes un explorateur
digne d’Antonio de Abreu, de Vasco Núñez de Balboa,
d’Arthur Rimbaud, de Henry Morton Stanley ou de Francis
Younghusband.... Oui, vous auriez pu découvrir le Tibet,
l’Abyssinie, le fleuve Congo, Panama ou Timor... partez à la
recherche de Mapuetos
!
Le verre de champagne en cristal a
glissé de ses mains
: je décroche toutes mes œuvres et je pars
immédiatement.
Ce fut sa réponse, et je dois avouer que
c’est souvent l’effet que cela provoque lorsque je parle de
Mapuetos (que je prononce à l’espagnol, u=ou
et le s
final
très prononcé).
Sans nouvelle du peintre pendant deux ans,
puis ce coup de téléphone en pleine nuit
: Patrick Lowie,
mon camion affiche 92.526 kilomètres. En trois ans, ce
n’est pas mal pour un explorateur, non
? J’ai parcouru de
long en large et dans le désordre, la France, l’Allemagne,
l’Autriche, la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le
Monténégro, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie,
la Grèce, la Hongrie, la Bulgarie, la Slovaquie, le Portugal
et aujourd’hui l’Espagne... Et je n’ai toujours pas trouvé
Mapuetos
! Et ce, sans compter mes voyages en Inde, au
Népal, au Togo, à Cuba et l’an passé au Vietnam. Rien,
nada, schnol, broquette, niks
! Vous avouerez que c’est
frustrant, non
? Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.
Et il
a raccroché aussitôt. Ce fut très rapide et je ne suis pas sûr
que j’étais bien réveillé, j’ai donc mis cet appel dans le rayon
des rêves. Il m’a rappelé hier. Nous nous sommes donné
rendez-vous au vernissage de son exposition au consulat
de Rawajpoutalah. Sur le chemin, je vois un très vieux
monsieur enfoui dans une longue redingote et protégé d’une
pluie diluvienne par un chapeau mou, qui longe le mur sans
fin d’une église de pierres. Il tient une enveloppe blanche
dans la main. Soudain, il plonge dans le vide et s’étale sur
le sol, sans raison.
À mon arrivée au consulat, je suis reçu
par le Président du Rawajpoutalah qui s’empresse de me
décorer de l’Ordre de la Couronne d’Os Rongés. Heureux
de revoir Alain Godefroid, je lui raconte les mésaventures
du vieux monsieur sur ma route. Il me dit
: mais c’est mon
rêve
! Vous avez vu mon rêve
! Vous l’avez vécu
! Enfin, une
partie de mon rêve, j’ai demandé ensuite à mon amoureuse
ce qui aurait bien pu pousser ce vieillard à faire pareil geste,
elle m’a répondu qu’il a sans doute eu peur d’être vu par sa
femme qui l’espionne derrière les vitraux d’une fenêtre de
l’église. À ce moment, le sol s’est mis à chavirer lentement et
je me suis retrouvé sur le pont d’un navire en pleine tempête.
Un officier, le porte-voix à la main, m’ordonne alors de me
tenir à une poulie de secours, mais je n’en trouve aucune.
Comme je panique et reste tétanisé en m’accrochant à la
balustrade, j’aperçois le vieux monsieur au chapeau courir
vers moi. J’espère qu’il va me sauver mais il me contourne
tout en déposant sa lettre dans ma main. Je reconnais
immédiatement l’écriture de maman, mais je ne comprends
rien à son charabia. De plus, au fur et à mesure que j’essaie
de lire sa lettre, le texte s’efface, les lettres s’envolent.
Je me réveille au côté de mon amoureuse, la larme à l’œil
et cependant envahi d’une énorme vague de bonheur.
Nous sommes restés silencieux plusieurs dizaines de
minutes, ne sachant plus quoi dire, cherchant une
transition possible avec le résultat de ses recherches sur
Mapuetos. Puis, avec cette ironie qui me caractérise,
je lui dis
: et donc, la terre est plate
?
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Artiste peintre et illustrateur belge, depuis 2005, Alain Godefroid revient à ses racines, à ses premières amours. Fils naturel de la Castafiore et du Capitaine Haddock, élevé et nourri à la BD, il assume aujourd'hui son amour pour la ligne claire en combinant son trait d'encre de Chine ou de fusain à l'acrylique. Ses sujets sont aussi divers que les pays qu'il a visités. New York, Marrakech, la Lybie, le Japon, Zanzibar, l'Inde, le Togo... ou simplement le Plat Pays qui est le sien. Depuis 2012, il parcourt les routes secondaires d'Europe dans sa camionnette et nous fait ainsi découvrir notre planète avec une vision particulièrement optimiste.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com