Al Clapper
Al Clapper
Le portrait onirique de Al Clapper
Le portrait onirique de Al Clapper
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La girafe est le symbole de la générosité et de la non-violence, symbole de royauté mais dans les rêves c'est surtout
le symbole d'un désir de distanciation entre le mental et le
physique.
C'est en grimpant vers le sommet de la Montagne
de la Table à Cape Town en Afrique du Sud, que j'entends
ces mots de la bouche d'un vieil homme comme s'il racontait
une fable irréelle à son petit-fils. L'enfant indigo n'était pas
du tout attentif, préférant sans doute imaginer, le sourire
aux lèvres, les objets qu'il s'amusera à cacher dans la maison
des grands-parents. J'avais rendez-vous là-haut avec un
chanteur, interprète, menuisier de mots déjetés, torturés
sur la longueur et sur la largeur. Je fais une pose, m'offrant
une vue différente sur le monde. J'ai un bon pressentiment.
Des zèbres de montagne du Cap s'approchent, l'un d'eux
me cligne de l’œil gauche. Je crus d'abord en un tic nerveux,
mais en m'approchant davantage, je remarquai qu'il voulait
me parler. Le zèbre me dit
:
les sept années de tribulations
se terminent cher ami, sept années d'angoisse, d'anxiété,
d'enfermement, de trahisons et de lâcheté à supporter. Là tu
baignes dans un océan de larmes amères mais tu tiens bien
le cap, et c'est justement au Cap que tu viens gravir cette
montagne, à moins de deux mille kilomètres de Maputo, oui
je sais cela n'a rien à voir avec Mapuetos, mais tu y as pensé,
tu as pensé à l'erreur onirique, n'est-ce pas.... as-tu bien
rêvé de Mapuetos
? As-tu bien lu dans ce rêve apaisant
?
N'aurais-tu pas fait une faute d'orthographe
? On rêve, on se
réveille, puis qui nous dit que ce dont on se rappelle est bien
ce qu'on a rêvé
? Qui
? Tu y as pensé n'est-ce pas
? Puis tu t'es
dit que la vérité était celle qu'on entreprenait, c'est l'action
qui dicte la vérité pas l'inverse. N'avais-tu pas mal à la tête
au réveil
? Ces nuits étranges de sorcelleries à Marrakech,
souviens-toi. Mapuetos, n'était-ce pas qu'un envoûtement,
une fausse route, une belle façon de te dérouter, de te
tuer à petit feu
? Vas-y
! Poursuis ton chemin
! Grimpe
!
Tu verras que la réponse est sans doute au sommet. Tu
as brûlé tant de bâtons d'encens, de papier d'Arménie, de
papier aromatique d’Érythrée, de bougies à l'eau de rose, de
chemises parfumées à l'odeur d'amours perdus, naufrages
incessants comme ces murmures du flot et des marées, tu as
tant brûlé d'encens disais-je que ton autel a disparu sous un
monceau de cendres. Il va falloir aspirer.
Je suis bouche bée, j'observe le zèbre disparaître, il se
retourne une dernière fois et me sourit. Je poursuis mon
ascension, j'ai bien fait de ne pas avoir pris le téléphérique,
je découvre une caverne creusée dans le grès, dans
l'obscurité je crie Mapuetos, Mapuetos, où es-tu
?
, caverne
sans écho. Déçu, je sors et reprends le chemin pour arriver
enfin là où Al Clapper m'attend depuis quelques minutes
ou quelques années. Le temps nous joue des mauvais tours.
Cheveux bouclés, chemise blanche ouverte, manches
retroussées, short bleu, longs doigts, sourire généreux,
plus je m'approche, plus je ressens son énergie positive,
son aura d'artiste, sa beauté intrinsèque, il se lève et me
serre la main en disant
: je suis vraiment très heureux de
vous rencontrer Patrick Lowie, c'est un honneur pour moi.
Mais j'ai un petit souci
: j'ai complètement oublié que j'avais
un concert demain. Je ne pourrai pas rester longtemps sauf
si vous m'accompagnez.
Je suis ravi, essoufflé mais ravi. Je
m'assieds à ses côtés et j'observe les Portugais mouiller
dans la baie, Antonio de Saldanha 1
se ravitaille en eau
potable et en fruits. L'endroit est magique, le jeune homme
poursuit
: il s'agit d'un petit festival et c'est un peu loin. Si
on part maintenant, on risque d'arriver la nuit tombante,
malheureusement je ne pourrai pas faire de repérage.
C'est en plein air. Je vous passerai une tente.
Tout se passe
exactement comme il se l'imaginait, nous sommes arrivés
en pleine nuit, on s'est endormis immédiatement. Dans
la tente, j'ai dû faire encore quelques rêves et cauchemars
mais de ceux qui rassurent. Le lendemain matin, nous
avons beaucoup parlé de la vie, du monde et de l'avenir,
Al Clapper m'a dit en cherchant mon regard
: ces épreuves
vous ont fortifié et vous en avez tiré de précieuses leçons.
Ne vous inquiétez pas, nous sommes nés pour sauver le
monde.
Il n'avait pas tort et jamais je ne me serais cru
capable de mobiliser tant de résilience et d'ingéniosité face
à l'adversité. Nous nous sommes levés et sommes allés
chercher le reste de son groupe. Sauf que nous n'étions
pas au bon emplacement, la scène était à l'autre bout du
festival, sans aucune explication, nous étions dans une
énorme réserve naturelle, il y avait des milliers d'animaux
qui partaient dans une même direction. Al Clapper s'est
mis à photographier tout ce qu'il voyait. C'était merveilleux.
Pris au piège de la beauté, il se rend compte que le concert
a déjà commencé sans lui. Il court, j'essaye de le suivre,
j'abandonne, je le vois grimper sur une girafe et foncer
vers la scène, à temps pour chanter la dernière chanson.
La voix d'Al Clapper nous brumise d'un parfum nouveau.
Le public applaudit, je regarde derrière moi, à ma gauche,
à ma droite,... quelle surprise d'être entouré de... zèbres.
Tous les spectateurs sont des zèbres qui dansent allègres et
heureux. L'un d'entre eux me dit
: alors
! Tout compte fait,
tant de triomphes arrachés de haute lutte t'ont investi d'une
si belle énergie que le jeu en valait la chandelle, n'est-ce pas
?
1. Antonio de Saldanha est un navigateur et explorateur portugais du XVIème siècle.
1. Antonio de Saldanha est un navigateur et explorateur portugais du XVIème siècle.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Al Clapper est un chanteur et copywriter sud-africain né en 1991 à Pretoria. Il réside actuellement à Cape Town.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com