Agnès Henneguy
Agnès Henneguy
Le portrait onirique de Agnès Henneguy
Le portrait onirique de Agnès Henneguy
Partager
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née Bibesco
Bassaraba de Brancovan, extraordinaire poétesse française
au cerveau bouillant et au sang froid, a écrit
: la tendresse
a ses jours d'ennuis.
Une voix off ajoute
: ... qui deviennent
de plus en plus nombreux.
Une voix qui semblait sortir de
presque nulle part, je suis trop fainéant pour chercher sa
provenance, enseveli dans un océan de couardise, je sens en
moi une forme de cruauté, condamné à une vie de langueur
féroce, écrasé sous le poids d'une mélancolie mélodique, le
cœur aigri en pause. Dans ce rêve, on est sur le tournage
d'un film
: Le Visage émerveillé,
biopic de Anna de Noailles,
rôle joué par Agnès Henneguy. Moi, je joue celui d'André
Gide. Les costumes fin XIXème nous vont à merveille.
C'est le premier rôle au cinéma d'Agnès Henneguy et je la
trouve parfaite. Elle s'approche et me dit
: Patrick Lowie,
ce rêve m'angoisse, je me sens en état d'urgence.
J'essaye de
comprendre
: que voulez-vous dire
?
Elle poursuit
: j'ai fait
un drôle de rêve il y a quelques mois, un rêve particulier,
intense et presque réel, j'ai bien peur que ce ne soit un
rêve prémonitoire
: j'ai rêvé avec précision le jour où vous
faisiez un malaise cardiaque, juste avant de glisser dans
votre baignoire. Et ce jour, c'est aujourd'hui. Dans mon
rêve, vous n'en êtes pas mort très cher André Gide, cela ne
m'affecta pas énormément puisque nous ne nous sommes
croisés que deux ou trois fois, mais dans la réalité, cela me
met dans tous mes états. Des frissons de peur.
Je fixe, sans
raison aucune, ses manches bouffantes puis son tour de
cou. Vous parlez
, dis-je, avec une volubilité prodigieuse,
vous aimez lire, les phrases se pressent sur vos lèvres, s'y
écrasent, s'y confondent. Même si je m'écroule ici, même
si je devais disparaître dans l'autre monde, je ne pourrai
qu'être heureux, je n'ai aucune crainte.
Elle s'avance vers
la baignoire en fer blanc, on entend un livreur monter des
seaux d'eau chaude à l'étage. Il frappe à la porte, je vais
ouvrir. Il remplit la baignoire. Je le regarde avec les yeux
ronds. Il sort se reposer sur le palier et attend qu'on prenne
un bain pour qu'il puisse vider l'eau sale dans la cour. Dans
le rêve,
dit-elle, tout ce qu'il s'est passé jusqu'à présent, je l'ai
déjà vu. Le beau livreur vient de sortir, il nous attend, je vais
vous laisser prendre un bain, vous allez avoir un malaise
et glisser. Pendant ce temps, je réciterai des vers.
Je souris
en l'écoutant, elle me transporte dans sa compote d'idées
surréelles, de sensations vibratoires surtout lorsqu'elle lit
de sa voix griffée et douce, au timbre particulier, de sa belle
diction Les deux pigeons de Jean de La Fontaine.. Deux
Pigeons s'aimaient d'amour tendre. L'un d'eux s'ennuyant
au logis,
... un tutti-frutti accompagné de gestes de mains et
de bras, d'yeux. Elle voudrait mettre son feutre de travers et
réciter des vers encore et toujours. Le désir de certitude, de
sécurité, est un des mobiles majeurs du moi, et je construis
ce rêve dans la certitude qu'aucune prémonition me fera
glisser. La comtesse Agnès se déplace jusque dans le salon,
me laisse me déshabiller et, en entrant dans la baignoire,
nu, je fais un malaise, je glisse et le fer blanc me rentre dans
la peau. Je ne suis pas mort, le jeune livreur d'eau à la peau
tannée m'a porté sur ses épaules musclées jusqu'au rez-de-
chaussée. Agnès Henneguy observe la scène de son balcon
et me dit
: je le savais, c'était un rêve prémonitoire.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Formée au théâtre Montansier à Versailles et au cours de Dominique Leverd, j'ai d'abord travaillé en jouant la comédie et en intervenant comme metteur en scène et professeur auprès du jeune public. Au cours de mes différentes rencontres et avec un souci de répondre aux mieux aux besoin des élèves , je me suis intéressée à la pratique théâtrale au sein des écoles. J'ai fait un mémoire sur ce sujet et c'est ainsi que j'ai été professeur des écoles quelques années tout en désirant mettre en avant le théâtre. Suite à ces différentes expériences j’ai créée une association ayant pour but de partager de la culture et un savoir faire de comédienne. C’est donc avec une volonté de partage et un besoin que l’on écoute les textes du patrimoine de nos auteurs si riches que je développe ces parenthèses poétiques et littéraires.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com