Miriam R. Krüger
Miriam R. Krüger
Le portrait onirique de Miriam R. Krüger
Le portrait onirique de Miriam R. Krüger
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J’ai fait un rêve cette nuit, un 8 mars d’une année indéfinie, j’ai rêvé
que j’étais assis juste devant les murs blancs du Musée Larco
, Av.
Bolívar 1515, Pueblo Libre, Lima au Pérou. Je venais de dérober
les très belles boucles d’oreilles bleues Moche et j’attendais en-
dessous de l’arbre patiemment, une lampe de poche à la main,
j’attendais et j’observais si mon forfait allait avoir une quelconque
influence mélodramatique sur la ville, sur ma vie. Dans le rêve,
rien. Pas de vent, pas d’oiseaux, pas de bruit. Le silence profond
et insoutenable. Les boucles d’oreilles en poche, je n’avais pas
l’intention de bouger ni de suivre les ombres qui jouaient avec
mes nerfs. Le ciel est bleu depuis toujours ici. Le ciel est mort
comme une couleur maudite. Je me vois dans le rêve, je m’entends
parler, je m’écoute respirer. Puis, une femme s’approche de moi,
la poétesse péruvienne Miriam R. Krüger. Je l’attendais. Avez-
vous pu vous détendre, Patrick Lowie ?
me dit-elle. Sans mot dire,
j’acquiesce. Vous allez rester ici longtemps ?
Je lui réponds que
je resterai là toute la nuit probablement, assis sur ce gazon en-
dessous de cet arbre. Elle s’assied à mes côtés, j’observe de plus
près le motif de son pantalon à pattes d’éléphant que je trouve
beau et élégant. Je lui dis : l’arbre n’est pas un amandier n’est-
ce pas ?
Elle tourne la tête puis sort un carnet et un stylo et me
lance : non, c’est un Flamboyant rouge. Je vais écrire, car vous
savez quand ma main écrit, mon cœur dicte et mon cerveau se
repose. Vous avez la marchandise ?
Sans mot dire, j’acquiesce à
nouveau. J’ai envie de crier
, lui dis-je. Miriam ferme les yeux : un
jour j’ai rêvé que je marchais dans le noir, doucement, longuement,
avec ce mélange de maîtrise de soi et de recherche de l’inconnu. Je
parvenais à marcher sans risque sans me faire de mal, comme
si j’étais consciente de tout ce qui m’entourait. Vous savez, une
femme est plus consciente de cela qu’un homme. Par contre, et sans
raison apparente, petit à petit l’obscurité m’angoissait, il faisait
trop noir, au début j’espérais sans doute m’habituer à l’obscurité,
tout devint trop angoissant et j’ai commencé à fuir, m’échapper
d’une peur qui ne se basait sur rien de concret et je courrais vers
un objectif inconnu, je suis tombée dans le vide, je n’arrivais plus
à respirer.
Elle ouvre les yeux, éblouie par le mur blanc du Musée
Larco
. Pendant qu’elle parlait de son rêve, j’ai changé de place, je
voulais la voir surprise par mon absence. Elle l’était. Des heures
sous cet arbre puis je lis les notes de la poétesse et lui dis : vous
écrivez en luxembourgeois ?
N’attendant aucune réponse de
sa part, je sors de mes poches les boucles que j’accroche à ses
oreilles. Elle dit alors : yo vengo de selva virgen
(Je viens de la forêt
vierge) puis en français : j’épelle les cris sur le papier.
Je la vois
fuir, des ailes en papier sur le dos, dans l’obscurité emportant
avec elle les très belles boucles d’oreilles bleues Moche que je
venais de dérober au Musée.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Artiste prolifique, touchant autant à l’écriture poétique qu’aux arts plastiques, Miriam R. Krüger a exposé ses œuvres picturales au cours de nombreuses expositions personnelles et collectives. Son univers foisonnant est tour à tour décrit par le biais du dessin, par des (auto-)portraits photographiques retravaillés, des poésies proches de la vie et des performances théâtrales poétiques.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com