Maïja Disseau
Le portrait onirique de Maïja Disseau
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Il fait chaud, je me retourne, j'observe les rêves sur les étagères, des rêves qui me laissent un peu indifférents, ce sont les moins chers : des rubis, des rêves de vies meilleurs, des cartes de crédit sans crédit, des songes falsifiés. Plus à gauche, d'autres rêves plus colorés, elle me dit : ça ce sont des rêves qui viennent de Milan. Je m'approche, ils sont légers, j'en prends un que j'avale, je revois des images d'un film jamais réalisé, une histoire d'amour sans queue ni tête, des années d'attente pour rien, je revois les images d'une histoire perdue qui s'éloigne avec le temps, qui disparaît comme du sable dans le vent. Elle me réveille et me dit : n'en prenez pas trop, ça va vous coûter cher. Nous mettons à disposition de nos clients, des lits, ceux-là, vous les voyez, pour rêver sans risque de s'écrouler sous la pression des images. J'aime me lover dans celui de droite, dans ma couette, j'avale un rêve et je pose une demande avant de sombrer dans un sommeil de fuite : que dois-je faire/être dans ce pays que tant j’abhorre de si important que la liberté elle-même me fais la nique ? Aspiré par un autres rêve couleur opaline plus loin mais trop cher pour moi, je me retourne au mot “pays”… je lui dis : pays ? Où sommes-nous ? Ne sommes-nous pas à Mapuetos ? Un arbre lumineux brûle les guirlandes d'un monde en implosion. Peu importe où nous-sommes, me dit-elle, il y a des pays de noir et de blanc qui se présentent à nous, on cherche une star connue, on se prend pour une autre star moins nordique, on se projette dans des romans policiers, on s'identifie à cause d'un prénom qu'on n'a pas choisi,… Tout devient confus, dehors il pleut des cheveux, les deux garçons changent de saison, Maija Disseau, habituée aux thérapies, est vêtue en guerrab, porteuse d'eau, chercheuse d'or, le ciel s'obscurcit, dans sa main gauche une coupelle en cuivre et sur sa tête un grand chapeau multicolore, le ciel a tout rendu blanc et noir, elle avale un rêve, tousse mais avale quand même, elle se couche dans le lit, son rêve est projeté sur un écran, un tissu crème tendu attaché par des pinces à linge sur des cordes qui forment des horizons, autant d'horizons autant d'absences, elle démarre son parcours onirique dans la ville de Bowles, elle sert de l'eau habillée en rouge, à qui demande, elle renverse l'eau, un peu gauche, mais dans ce monde noir et blanc, sans penser à personne, ne pensant qu'à soi, l'eau touche le sol et les couleurs se révèlent. Elle offre de l'eau à tout le monde, et tout le monde retrouve des nuances de couleurs.
Que va-t-il se passer quand il n'y aura plus d'eau ? , lui dis-je. J'avale le rêve Mapuetos, doux amer, je ferme les yeux, pose les mains sur le lit, me couche. Dans le rêve, je suis une rivière d'eau potable qui entre dans son outre.




