Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.
Jean Rausis
Jean Rausis
Le portrait onirique de Jean Rausis
Le portrait onirique de Jean Rausis
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La lune flatte et charme notre imagination et le
bonheur est alors de plonger dans l’illusion, effleurer le
rêve et le sommeil de l’âme, c’est-à-dire le mental non
maîtrisé. Rêver de la lune. Je vais enfin pouvoir m'acheter
un miroir cette semaine, et j'aimerais avoir la force de
dire en me regardant : arrête de vouloir maîtriser. Tu
pensais pouvoir trouver Mapuetos mais force est de
constater que huit ans plus tard, aucune trace de cette
montagne, aucune trace de cette île, aucune trace de cette
ville.
Au même moment, j'entends une voix qui me dit : c'est comme si petit à petit une partie de vous
retrouvait une autonomie...
Je me retourne, il n'y a
personne. Je reconnais la voix, c'est celle de Jean Rausis,
thérapeute réputé, hypnologue et coach sportif de haut
niveau. Je lui réponds, sans le voir, pensez-vous
sincèrement que je ne trouve pas Mapuetos parce que j'ai
perdu confiance en moi ?
Je pensais être chez moi mais
je suis dans un lieu à des milliers de kilomètres. J'entends
la voix de Chico Buarque et de ses notes délicatement
contestataires qui boostent mes neurones. Je suis seul dans
la chambre d'un petit hôtel à Porto Alegre, la pluie tombe à
n'en plus finir depuis plusieurs heures, des orages,
plusieurs claquements retentissent en même temps que les
éclairs zèbrent le ciel. Je me rends à la réception. Il n'y
a personne, la porte d'entrée est ouverte, l'hôtel est vide.
J'ouvre les portes de toutes les chambres, elles sont vides,
je regarde par la fenêtre, la ville est vide, quelques néons
bleus clignotent au bout de la rue. J'enlève ma chemise et
mon pantalon, je découvre que mon nombril a disparu. Je me
réveille.
Monsieur Patrick
Lowie ? Je suis venu à vous pour vous parler de mon
rêve. Vous êtes clairvoyant émérite m'a-t-on dit.
J'avais entendu quelqu'un frapper à la porte de mon
appartement, à peine réveillé, l'émotion encore dans la
saudade de mes voyages oniriques brésiliens, j'ai ouvert et
je me suis retrouvé devant le mental hacker, Jean Rausis. Je
le fais entrer. Je ressens en moi un bonheur intense de
l'accueillir. Je lui dis : votre voix hypnotique
m'a fait soulever des montagnes, merci.
Je lui indique
de s'asseoir dans mon salon, je fais bouillir de l'eau et je
lui propose une infusion à l'écorce de cacao. En un instant,
je comprends que j'en saurai plus sur moi en quelques
minutes que je n'en ai jamais su. Vient-il pour lui ou pour
m'aider ? Il commence : voilà, je suis venu
jusqu'à vous parce que j'ai fait un rêve particulier. Dans
le rêve, je me suis réveillé sur une île. Il faisait nuit,
cet endroit me semblait étrange, inconnu, j'étais dans une
ville je crois. J'ai regardé par la fenêtre, et je
trouvais la lumière assez belle, différente, ce n'était ni
une lumière de nuit ni une lumière de jour, pas même un
éclairage artificiel. Cela m'attirait beaucoup, c'était
une lumière éclatante, un blanc vibrant et brillant, un
blanc qui entoure tout. Je suis parti à la recherche de la
source de cette lumière nouvelle, mais je n'apercevais que
la mer au loin, une mer noire, comme immunisée à cette
lueur intense. La mer absorbant tout, comme une marée
noire.
Il s'arrête un instant, ému, je lui sers la
tisane. Il me dit : vous avez déjà tout compris
n'est-ce pas ?
Je hoche la tête, mon geste aurait
pu signifier tout et son contraire. Il continue : ensuite,
je m'habille, un sentiment plus qu'étrange me gagne
pendant que je descends les escaliers de cette maison. Une
fois dehors, tout est incompréhensible, mystérieux. La
ville est déserte, y a-t-il quelqu'un ? Personne.
Peut-être parce que c'est la nuit, tout le monde dort. Il
y a un silence assourdissant. Pas de vague, pas de vent,
je n'entends rien, absolument rien. Je me rapproche de la
mer, je descends la ruelle pavée et bordée d'autres
maisons qui ressemblent toutes à la mienne. À un moment,
je me questionne : que se passe-t-il ? Un sentiment
pesant grandit en moi, une forme de terreur douce... je
lève les yeux. Là, je constate que le ciel est peuplé de
lunes. De pleines lunes. Elles sont toutes d'une extrême
blancheur qui éblouit, cette blancheur qui m'a réveillé
dans mon songe en s'infiltrant par la fenêtre. Il y en a
tellement que je ne peux les compter. Partout où je
regarde, des pleines lunes immenses peuplent le ciel.
Elles se touchent presque. Je suis impressionné et
angoissé. Surpris et épouvanté par un sentiment
inexplicable. Quelque chose me dit en moi que la fin des
temps est arrivée.. quoi que je fasse, je suis absorbé par
cette crainte, noyé par la peur, paralysé par la
beauté de ce contraste terrorisant.
Le récit était bouleversant,
je l'ai vu revivre son rêve, comme s'il s'agissait d'une
aventure du réel. Je voyais très bien ces lunes et cette
mer noire. Je lui dis : ne vous effrayez pas, je
voudrais juste vous dire que j'ai fait ce même rêve il y a
plusieurs années. Ce rêve m'a effacé le nombril
- je
lui montre mon ventre sans nombril. Autant vous le dire
tout de suite : vous étiez à Mapuetos.
Il ne dit
plus rien. Regarde le fond de sa tasse, où apparaissent
d'autres lunes encore. Il tremble, la tasse tombe et se
brise. Votre inconscient vient de parler, il vient de
vous dire que vous avez oublié une partie du rêve. Vous
êtes sorti, vous êtes allé jusqu'à la mer, vous vous êtes
baigné sous cette lumière aux mille lunes. Chaque lune
représentant une médaille, une victoire, de l'argent bien
sûr mais de l'amour aussi. Puis vous vous êtes rendu
compte que l'eau devenait de plus en plus chaude, vous
n'en saviez rien, vous étiez au pied d'un volcan, du
volcan Imyriacht très exactement. En y regardant bien,
vous avez remarqué le volcan tel un animal endormi qui se
réveille, le volcan aussi fait des rêves. Vous n'avez pas
eu peur. Vous vous êtes baigné encore quelques minutes
dans cette eau qui devenait trop chaude. En sortant de
l'eau, vous avez vu la lave bleutée s'accumuler dans le
creux d'une roche.
Jean Rausis me regarde bizarrement,
il est possible que je sois entré en transe. Il m'arrête et
me dit : quel sens donner à tout cela ?
Après une courte réflexion, je lui dis : la partie
submergée du rêve, celle oubliée par votre esprit qui
maîtrise, cette partie se termine par une scène très
particulière que vous serez seul à pouvoir interpréter,
voilà : vous êtes Mapuetos, vous êtes le volcan
Imyriacht, l'énergie qui est en vous est celle du centre
de la terre. Dernièrement, pour des raisons que j'ignore,
vous avez tout fait pour maîtriser votre vie en oubliant
l'essentiel : vous baigner dans la mer noire. Soyez
le bienvenu au club Mapuetos. Il ne nous reste plus qu'à
comprendre où est cet endroit. Mais grâce à vous, j'ai
désormais ma petite idée.
Jean Rausis est resté assis
dans le salon plusieurs heures sans rien dire. Il fait de
plus en plus chaud, j'ouvre les fenêtres de l'appartement, il
tombe une pluie de mousson. Je mets de la musique. Je
l'observe, je le vois se transformer, son esprit d'abord
puis son corps. Je l'entends murmurer : putain, ce
bonheur.
Publications & anecdotes
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Bio
Jean Rausis est un MentalHacker
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com