Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques (2017) aux éditions P.A.T.
José Alessandro
José Alessandro
Le portrait onirique de José Alessandro
Le portrait onirique de José Alessandro
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Nothing in this book is true, I made it all up.
(« Dans ce livre,
rien n’est vrai. J’ai tout inventé », Madonna). C’est à peu près
ce que je pourrais écrire à propos de ces portraits oniriques
lorsque nous publierons le livre. J’essaye de ne pas oublier que
rien n’est réel dans ces courtes histoires humaines. Je suis assis
au bord du lit à baldaquin en bois d’une chambre de l’Hôtel
Castel à Canoas, petite ville proche de Porto Alegre au sud du
Brésil. José Alessandro, comédien dans une de mes pièces Le
Plongeoir,
m’a donné rendez-vous ici dans cette ville, dans sa
ville natale en insistant au téléphone : mais, surtout, ne me faites
pas pleurer.
Dans la pièce de théâtre, il jouait un monologue, le Mystère d’une langue
, il jouait un narrateur du moyen-âge,
il jouait Jésus aussi. Le papier peint de la chambre est composé
de boutons, boutons en bois, colorés, en céramique ou en
polyester. Les évangiles sur l’appui de fenêtre. Le temps passe
mal, le téléphone sonne, comme dans les vieux films, je sors de
la chambre, le livre quand je sortirai d’ici
de Chico Buarque et
un bloc-notes vierge sous le bras, je descends, j’entends le bois
des escaliers craquer sous mes pas, dans le hall de ce château, un
jeune homme pousse la chansonnette. Je pense à la phrase lue et
soulignée au crayon à l’instant jusqu’à ce que je frappe à la porte
d’une pensée vide qui m’entraînera vers les profondeurs où je rêve
d’habitude en noir et blanc
(Chico Buarque). Le chemin s’élargit
sous mes pas, et mes pieds ne trébuchent pas. Pas encore. Dehors,
il pleut comme à Budapest. Je me sens comme un vieux monsieur
qui a l’air de se trouver mal, mais je me persuade d’aller trop bien.
J’avance et je m’étonne de voir un port dans cette ville. Au bout
de la jetée, la nuit tombée, je vois José Alessandro observer les
très vieux et rouillés navires chavirés se précipitant les uns sur
les autres comme un jeu de domino. José,
lui dis-je, le domino
me fait penser au lancer d’osselets de divination du chamane.
Notre société est passée du hasard pur au hasard qui rapporte de
l’argent en passant par le hasard organisé. Mais se retrouver ici,
n’est pas un hasard.
Sans se retourner, il me dit que l’eau était
claire mais qu’elle devient brune, de la boue, un élément fort et
perturbateur allait nous ébranler. Vous voyez
, me dit-il, les corps
là-bas sur la plage, des corps en ciment. L’eau était claire avant,
aujourd’hui tout est sombre, figé, où trouver la force pour bouger
tout cela. Je pleure toujours au réveil, larmes cristallines.
Je lui
explique que la joie ne peut être feinte, qu’elle doit être faite de
sérénité, la tranquille pensée, et d’intensité. Je m’avance encore
un peu, les bateaux s’entremêlent ... José, pourquoi m’avoir
fait venir jusqu’ici ? Sommes-nous innocents ? Sommes-nous les
meurtriers de ce monde ? Rappelez-vous le monologue... « Les
délits. L’énergie négative. La violence. Les tortures. Tout ce qu’on
fait subir aux autres nous revient en plein visage ».
Le vent
s’enfuit. Il me raccompagne jusqu’au château. Jusqu’au pont
levis à flèche. Une madone illumine la voie. Il me dit qu’il n’avait
qu’une seule phrase à me dire, et qu’il ne pouvait la dire qu’ici
dans sa ville natale : « Le Plongeoir » doit reprendre forme, on
doit le rejouer, revenez ici !
Je promets, je rentre au château, le
jeune homme chante toujours, les doigts sur le piano, seul, sans
affrontement, sans spectateur, pour qui chante-t-il ?
Il se noie
dans ses notes pour oublier l’ombre de ses désirs. En montant
les escaliers, une ombre d’enfant tombe jusqu’en bas. Je retrouve
mon lit à baldaquin et je me réveille, les écorchures de nos vies
diffusent dans le tissu imprégné comme dans une éponge. Le
téléphone sonne. Je sors d’ici, je sors de ce rêve.
Publications & anecdotes
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Bio
José Alessandro est un comédien brésilien, il vit et travaille actuellement à Rio de Janeiro. Il a joué dans 18 pièces de théâtre dont Le Plongeoir, de Patrick Lowie. Il est également le créateur et le directeur de ZELE Comunicação e Marketing Educacional
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com