Ghanim Al-sulaiti
Ghanim Al-sulaiti
Le portrait onirique de Ghanim Al-sulaiti
Le portrait onirique de Ghanim Al-sulaiti
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Le soleil se couche, les péniches se transforment en
petites boîtes lumineuses sur une eau calme, loin du
grand large, loin aussi du fleuve des machines bruyantes. Le remorquage est dans la tête du mât,
pensai-je.
Doha s'endort mais Doha s'illumine, un monde entouré
d'eau et de désert, un monde issu du désert. Dans
le rêve, tout s'allume et tout s'éteint à l'infini, comme
dans une boîte à bijoux avec ses petits miroirs qui font
briller les perles de l'océan. Il fait chaud, le vent transporte
le son strident des appareils à air conditionné jusqu'au
milieu de l'océan aux îles en plastique. Je m'élève un peu
et pense reconnaître, au loin, les plaques Est-ouest/Ouest-est
du sculpteur Richard Serra. Un mirage ? J'étais arrivé
au matin, le long d'une digue, trois marches à côté d'une
banale chaise blanche, juste derrière un sunrise boat,
je me suis assis sur la chaise puis dans le bateau en bois
rongé par le sel, dans l'attente d'un signal onirique, d'un
mouvement anecdotique, puis à nouveau sur la chaise. Je
me dis dans le silence : le remorquage est dans la tête de
l’aviron.
Au loin, un jeune homme s'approche, habillé de
sa dishdasha, une longue chemise blanche pure et la tête
couverte d’une ghutra, nous sommes au Qatar, les ombres
sont blanchâtres aussi. Le jeune homme se présente : Je
suis Ghanim Al-Sulaiti, c'est bien vous Patrick Lowie, n'est-ce
pas ?
Au même moment, une sauterelle saute sur mes
genoux, je remarque ses ailes. Ne lui faites aucun mal,
me
dit le jeune homme dans un parfait anglais. Je n'en avais
pas l'intention. L'animal saute sur mon épaule, me glisse
des mots dans l'oreille gauche et s'agrippe au lobe gonflé
par une piqûre d'insecte en forme de trèfle. Je le reprends
dans la main, compare ses ailes aux voiles des bateaux. Le
jeune homme me pose d'autres questions mais je botte en
touche. Après toutes ces années, j'ai la sensation que ma
timidité reprend le dessus, incapable de répondre ou de
parler sans avoir l'impression de n'avoir rien à dire. Je vous
autorise à tout me raconter, je ne vous interromprai pas,
lui dis-je subitement, en dérapant sur le verbe interrompre.
Ghinam Al-Sulaiti me parle alors de son entreprise, de son
rêve de créer le premier restaurant vegan de Doha, puis de
ces enfants cambodgiens qu'il aide à travers sa fondation.
Bref, que de l'immaculé, de la candeur, de la morale et de
la gloire sans souillure. Tout semble si artificiel ici et si
profond. Il me guide dans la ville, sans en comprendre le
sens, je me laisse naviguer dans les canaux des quartiers
italiens, puis nous arrivons enfin dans son rêve : le Evergreen
Organics.
Mon corps est ici mais mon âme est ailleurs, je
l'écoute, je l'entends, je suis d'accord avec son engagement,
ses actions. Difficile de comprendre un être humain sans
le regarder dans les yeux, et j'évite son regard, lui aussi.
Il me dit : que vous a dit la sauterelle dans votre oreille ?
Je m'arrête de marcher étonné par sa question : elle m'a dit
que le XXIème siècle sera vegan ou ne sera pas.
Je me remets
à parler, à penser par moi-même, à me reconnecter avec le
monde, depuis que je suis ici, j'en oublie Mapuetos et son
volcan dont l'éruption est pourtant imminente.
Publications & anecdotes
Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques
de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.
Bio
Ghanim Al-sulaiti est un entrepreneur vegan, créateur du premier café vegan au Quatar, Evergreen Organics. Il est le co-fondateur au Cambodge du premier cafe vegan, le VIBE ainsi que le fondateur de Botany, une marque de soin pour la peau, éthique et vegan, et de Good Vibe Foundation qui aide près de 10.000 écoliers au Cambodge en leur servant des repas vegan.
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com
Précisions d’usage
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com