Olivier De Wulf

Olivier De Wulf

Le portrait onirique de Olivier de Wulf

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Un casque sur la tête. Écouter de la musique en arpentant la ville, oui mais quelle ville ? Lisbonne, la plus belle du monde ? San Francisco ? Rome ? Porto Alegre ? Ouarzazate ? Bruxelles ? Casablanca ? Si Mapuetos était une ville, ce serait sûrement Mapuetos. Un homme me réveille et me dit : vous avez crié Mapuetos dans votre rêve… c’est quoi ?. Je m’étais assoupi sur un banc dans un parc. Je me suis endormi en observant les feuilles zigzagantes tomber lentement et agissant sur moi comme avec un pendule d’une vieille sorcière. Je me suis levé sans répondre. Mais il a raison le bougre, pourquoi ai-je rêvé de Mapuetos ? Une étrange horloge m’observe, le cadran ne comporte que des fleurs, comme dans le livre d’Hervé Picart, et onze heures. Pas besoin d’une horloge pour se rendre compte que le temps se dérègle au fin fond des ténèbres. 1 Une femme me souffle à l’oreille : nous sommes le vingt-neuf décembre deux-mille-dix-huit. Je l’écris dans mon carnet de note en haut à droite. À gauche, j’écris : dernier jour Olivier/Tomatis. Plus bas, j’écris encore : est-il plus facile de pleurer en voyant sa propre histoire adaptée au cinéma, que de pleurer comme il se doit au moment venu ? plus loin : la culpabilité et l’abus… On a brisé ma capacité de besoin… Olivier De Wulf, assis sur des coussins en laine d'agneau du Tibet, jambes croisées, posture et cou un rien rigides, le bras légèrement plus haut que l’horizontale, l’index pointé sur lequel son regard se fixe longtemps, indéfiniment, me dit : j’ai lu dans ton esprit et ma réponse est : oui, tu vivras un jour dans la sérénité totale.

Dans le rêve, parce que bien sûr tout cela est un rêve que j’oublierai sans nul doute au réveil, je me vois dans un bar à Bruxelles, la fin des années quatre-vingts, io vorrei... non vorrei... ma se vuoi de Mina, un photographe de talent brésilien, la grisaille des murs, la nonchalance de jeunesses hybrides, une certaine perdition qui nous donnait l’impression d’être grands. Je connais Olivier depuis plus de trente années, et le fil des années s’efface, rêve endormi, rêve éveillé ? Ce n’est même plus un puzzle, me dit-il. Il a raison, ça ressemble à la compression d’un disque dur pour libérer de l’espace vitale, tout semble brouillé. Il s’approche de moi : Patrick Lowie ? Je vais vous vouvoyer le demi-temps d’un rêve, vous allez m’aider, c’est important pour moi. Voilà, dans mon rêve, je suis allé visiter un café qui va s’ouvrir dans un espace communautaire au milieu d’un des quartiers les plus défavorisés de San Francisco. J’ai rencontré le manager et je leur ai exposé ma vision de comment proposer “Neurasonic” dans l’espace. Nous avons parlé de personnes retraitées, de familles qui viendraient pour profiter de la plaine de jeux, d’adultes en quête d’un endroit paisible où la musique serait encline à permettre une introspection ou des conversations plus feutrées. Nous avons pensé à ce que cela pourrait apporter à l’atmosphère du lieu qui est tout nouveau, mais qui est installé à l’endroit où les abattoirs de San Francisco se trouvaient au début du siècle. Bref, permettre à cet endroit d’être un endroit de paix, de rédemption, de souvenirs et d’intégration. Et c’est vraiment le rêve de ma vie qui commence à se réaliser.

Je regarde par la fenêtre, un bref regard sur les arbres, je suis enfin à San Francisco. Je me retourne et dis à Olivier De Wulf : vous m’emmènerez à Ojai ? C’est loin d’ici ? J’aimerais emporter dans ma mémoire l’air qu’a ressenti Krishnamurti avant de mourir. Vous êtes une belle personne, Olivier. Votre rêve éveillé ou pas transformera votre chemin. Vous avez chamboulé ma vie et celle de beaucoup de gens. Cette noblesse me réconforte car avoir de vrais amis nobles, ça ne court pas les rues en ce moment. Vous le savez, cher Olivier, “la Vérité est un pays sans chemins” 2 . En cet instant, Pessoa aurait dit que certains regards libèrent plus complètement que ne le ferait tout un voyage en Erythrée. Je pense comme lui et j’irais plus loin : beaucoup de rêves libèrent aussi, donc agissez, vivez votre rêve ! J’entends au loin des chants grégoriens. J’enlève mon casque, la session n’est pourtant pas terminée. Je veux courir dans les couloirs de l’Abbaye mais il me retient par le bras. Je veux courir dans le parc, mais mes jambes se perdent dans le labyrinthe des mois, d’émois. Les substrats de nos rêves sont nos éveils. Je crie : Mapuetos, Mapuetos, je ne peux plus attendre, je ne peux plus perdre de temps, je dois enfin trouver Mapuetos et y vivre ! Y vivre ! Je glisse, je tombe, … je me dis : n’oublie pas que tu guéris les autres en écrivant. Olivier De Wulf me sourit, s’approche de moi : merci encore du travail collectif que tu réalises.

1 La pendule endormie, Hervé Picart, ed. Le Castor Astral
2 Krishnamurti


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.

Cliquez sur la couverture du livre pour plus d'informations.


Bio

Olivier De Wulf est un audio-psycho-phonologue belge et président de NeuraSonic, une entreprise qui se spécialise dans la "trauma-intégration". Actuellement basé à San Francisco, Olivier est décrit comme un "doula" pour la voix, aidant les gens à se connecter avec leur corps et leur voix intérieure. Il admire le Dr Tomatis, un médecin français spécialisé dans les troubles de l'écoute et de la communication, avec qui il ressent une profonde connexion même s'il ne l'a jamais rencontré. Olivier De Wulf aime Istanbul et trouve son travail comme source de bonheur. La méditation est également importante pour lui car il croit qu'elle permet de mieux se connaître soi-même et d'être en harmonie avec l'univers qui nous entoure.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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