Brahim Rachiki

Brahim Rachiki

Le portrait onirique de Brahim Rachiki

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Je n’ai jamais rêvé danser, je veux dire qu’enfant, la danse n’était pas mon royaume et ne l’a jamais été après non plus. J’aimais la musique, je collectionnais 45 et 33 tours, je jouais au DJ ou je m’inventais animateur radio, tout mon argent de poche partait dans l’achat de disques, et j’aimais chanter même si ma timidité presque maladive ne me permit pas d’aller plus loin. La danse, non. J’en suis tombé vaguement mais régulièrement amoureux, avec Claudio Bernardo, Michelle Noiret, … et Béjart bien sûr qui, avec sa version de la Bhakti , tradition hindou, où l’on retrouve l’adoration millénaire, l’amour de Dieu, la piété, la dévotion, aura été pour moi un grand moment artistique, peut-être le plus grand. Michael Jackson m’apporta aussi de grands moments : il dansait avec Dieu, pour Dieu, avec Dieu et ses chorégraphies étaient dignes des plus grands. Pour en arriver là, il faut s’oublier, dévotion totale exempte de sollicitations égoïstes ou de craintes du tout puissant. Si tu as peur de Dieu, tu l’offenses, me dit une voix juste avant de me réveiller.

Mais je ne me réveille pas. Le rêve se poursuit, tout se mélange, les ivrognes, les disques vinyles qui tournent, tournent, le diamant qui gratte, tout tourne, je suis à Los Angeles, les palmiers tournent, tournent, Venice Beach, West Hollywood, tout tourne, tourne, assis face à un cinéma, j’observe les gens qui passent et traversent, des squelettes dansent en marche avant puis marche arrière, un homme s’approche de moi et me dit : tout va bien, Monsieur ? Vous ne devriez pas rester ici, cet endroit fait perdre la tête aux plus résistants. Vous ne lisez pas les journaux ? …. Mais je vous reconnais ! Vous êtes Belge, n’est-ce pas ? Moi aussi ! Deux Belges se rencontrent sur Melrose Avenue ! Incroyable. Je pensais aux tourbillons, aux chiens et aux enfants, à la mer et aux jardins publiques. Je vais me souvenir de votre nom… attendez… vous écrivez des rêves ! Patrick Lowie, voilà, c’est ça… incroyable de vous rencontrer ici. Je me soulève mais je ne marche plus. Je me présente, Brahim Rachiki, je suis Belge mais bon, on n’oublie jamais ses origines, je suis Marocain aussi. Attendez, je vais vous aider. La progression des larves sous ma peau est lente mais bruyante, les sillons avancent de quelques millimètres par jour, la vie danse. Remonter l’avenue, converser, se souvenir de Bruxelles et de Ouarzazate. Il me dit : que faites-vous ici ? Je lui parle de Mapuetos, de cette recherche insensée, comme si j’étais un chercheur d’or, à la recherche d’un lieu qui n'existe pas. Enfin, je crois, lui dis-je, parce que si je suis ici c’est que quelque chose me pousse à poursuivre cette recherche. Il me répond : beaucoup de chercheurs d’or, n’ont jamais trouvé d’or, c’était juste un objectif, un chemin, cueillir l’invisible dans des champs infinis qui ne procurent rien de plus qu’illusions, et c’est bien ainsi. Moi aussi, à quoi sert la danse ? Je crois que Mapuetos existe. Vous le trouverez peut-être dans un jour, peut-être dans dix ans. Un doute incommensurable traverse mon esprit. Je lui dis : c’est quoi votre rêve le plus marquant ? Il se pose un instant, réfléchit et dit : quand j’étais enfant, je faisais toujours le même rêve : une voiture blanche, une Mercedes je crois, elle s’arrêtait comme ça le long de la route à mon niveau, deux hommes étaient dans la voiture, le conducteur et une personne derrière, l’homme à l’arrière est sorti de la voiture et me kidnappe, juste en bas de chez moi. J’ai fait ce rêve des milliers de fois. Heureusement que ça ne m’est jamais arrivé. Je reste silencieux parce que depuis quelques minutes une voiture blanche nous suit à pas d’homme. Je reprends mon souffle puis : ne vous retournez pas, nous allons courir et danser, nous allons fuir, ne vous retournez pas, la voiture de votre rêve nous suit… tournons à droite, là, dans la ruelle et courons.

Dans la voiture, le conducteur et un homme à l’arrière, ce dernier sort du véhicule et nous poursuit, j’entends des coups de feu. On se cache derrière des poubelles puis on s’avance doucement dans un jardin entouré de fils barbelés et d’orangers. Je découvre un homme au bord d’une piscine jaune. J’ai la sensation de le connaître, je regarde Brahim Rachiki qui me dit : oui, oui c’est lui...


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.

Cliquez sur la couverture du livre pour plus d'informations.


Bio

Brahim Rachiki est un artiste pluridisciplinaire qui a collaboré notamment sur la dernière tournée de Michael Jackson. Ses deux grands frères vont l'initier à la danse dès son plus jeune âge, néanmoins Brahim est d'abord attiré par le cinéma. Il fait la connaissance du réalisateur Laurent Brandenbourger. Ce dernier lui donnera l'opportunité de tourner dans des courts et moyens métrages. Laurent Brandenbourger insiste pour qu'il continue dans cette voie mais ses parents préfèrent qu'il se concentre sur ses études. Tout en continuant ces études il part souvent en tournée entre le Japon, la Russie, … Brahim arrive à concilier les deux : il obtient ses diplômes et continue vers son rêve. Curieux, vif, passionné, il ne peut faire les choses à moitié. La danse devient alors son mode d'expression majeur, il s’inspire de tout et de tous, photos, films, son imagination n’a pas de limite pour assouvir son expression.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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