Mohamed Laroussi
Le portrait onirique de Mohamed Laroussi
Partager
On était chez moi, dans cet appartement-temple, je brûle dans la cheminée le tableau d’un peintre contemporain, acte psycho-magique par excellence pour retrouver le chemin des victoires. Il me regarde : il vous a coûté cher ? En laissant brûler le dernier morceau de la croûte je lui réponds Que vient-on de se promettre Mohamed ? On ne parle plus d’argent. Il me reste encore du jus de nationalisme dans le frigo, allez-y servez-vous. J’avais rencontré Mohamed Laroussi, chroniqueur marocain, ex-publicitaire, scénariste, auteur de plusieurs livres dont un excellent roman, la toute première fois dans un TGV, le Paris-Bordeaux. Je brûlerais bien mes livres aussi.. on s’en fout, non ? dit-il. Vu mon scepticisme, il se tait et va chercher le jus amer. Au retour, il continue : ces rêves sont trop beaux, on va se réveiller et ce sera pire que la gueule de bois. Tout cela va tomber à l’eau. Il était transformé, les yeux pétillants.
On entend le crépitement du bois du tableau, douce musique pour une nouvelle vie. Je lui dis : donc, vous avez votre arme rouge ? Il la prend. Répétez après moi : je suis Bond, James Bond. Et là, il éclate de rire et dit, apeuré : je ne sais plus pourquoi tout cela. Ils nous attendent en bas ! Je dépose la main droite sur son épaule et j’ânonne ma leçon : Monsieur Bond, c’est fini de rigoler ! Voici votre mission. Au même moment, quelqu’un sonne à la porte, Mohamed va ouvrir comme s’il était chez lui. Il est chez lui. Il revient effaré : Patrick Lowie, vous n’allez jamais me croire, mais c’est Marx qui vient de sonner. Je le fais entrer ?
Au bord des nerfs je lui réponds : arrêtez de plaisanter Bond, votre mission est de me ramener le monarque ici chez moi pour le guérir, c’est très important et vous me parlez de Marx... vous savez qu’il est mort Marx, non ? À vrai dire, l’homme qui attendait sur le pas de la porte ressemblait effectivement à Karl, c’était étonnant, en même temps ce rêve subtile ressemblait à la scène d’un film joué par deux comiques qui ne se prennent jamais au sérieux et qui sont pris trop au sérieux. Karl Marx, de sa voix fluette, annonce d’un seul coup : le monarque est dans sa voiture en bas de l’immeuble, immeuble que nous venons de sécuriser, peut-il monter ?




