Et si Mapuetos n’était qu’une chambre ? , me dit Marie-Amélie Stiernet. C’est tout de même l’endroit où l’on dort le plus, où l’on rêve donc. Mapuetos c’est un espace, une bulle, qui nous permet de dormir et de rêver. C’est donc une chambre. Patrick Lowie, sachez que lorsque j’étais enfant, je rêvais souvent que j’étais couchée dans un cocon très étroit. Il y avait du bruit et je n’étais pas seule. Nous étions plusieurs enfants à être coincés dans ces cocons. Ceux-ci étaient disposés sur plusieurs étages, une mini tour de trois ou quatre lits superposés super étroits. J’essaie d’en sortir pour que les autres enfants et moi puissions être ensemble mais c’est difficile. J’ai beau essayer, la paroi du cocon est dure à briser. Il y a un sentiment d’urgence et un besoin fou d’y arriver comme si le temps était compté. Marie-Amélie Stiernet me sourit. Elle est parvenue à me faire sourire aussi. Je ne crois pas beaucoup à son idée. Il fait trop noir dans la chambre, je creuse un sténopé dans le mur, un rêve apparaît à l’envers. La chambre des rêves. La lumière voyage en ligne droite mais les rêves nous transportent vers d’autres mondes, une chanson pénètre aussi dans la chambre, j’entends : avez-vous déjà vu dans le ciel de Lisbonne, Lisbonne…. j'ai besoin d'apprendre… avec amour, amour, amour… c’est si facile à dire… ce calme est comme un mantra disant oui… avez-vous déjà vu dans le ciel de Lisbonne, Lisbonne…me comprendre avec le temps…. je fais une demande sincère… laisse ce nouveau monde apparaître ¹ … il fait très chaud ici l’après-midi, mon corps ne veut plus bouger, enfermé dans la chaleur, je dors, dors. Sur le mur : Lisbonne à l’envers, le Tage coule dans les veines et atteint le cœur d’un monde oublié mais pas disparu. 

Marie-Amélie Stiernet sort de son cocon, enfant, elle voudrait me guider, me conseiller, mais sortir de cette chambre noire avec cette musique et ces images me paraît impossible. Je m’endors, une femme grosse et blonde, que je pense reconnaître, une vieille connaissance, s’approche de moi, très vite elle essaye de m'embrasser, elle pose ses lèvres sur ma bouche, je crie : non, non, elle a du poison dans la bouche, elle m’empoisonne ! Je me réveille en sueur. Venez ! me dit l’enfant, je vais vous conduire à la route qui mène à Mapuetos. Je lui réponds que je connais le chemin. On sort de la chambre des rêves, j’abandonne la magnifique voix du chanteur brésilien Leo Middea, les images projetées sur le mur, l’odeur de Palo Santo brûlé. L’enfant m’emmène dans une autre pièce de la maison. Des hommes et des femmes sont assis, certains couchés, un casque sur la tête, beaucoup pleurent, d’autres méditent. Un homme s’approche de moi et me dit : pendant un mois, vous devez porter quatre tee-shirts : un bleu, un jaune, un blanc et un rouge. Vous devez écrire devant le mot : papa en quatre langues et derrière le mot dieu en quatre langues. L’enfant qui est là, n’est pas Marie-Amélie Stiernet, c’est votre enfant intérieur. Il va vous aider à fabriquer une poupée que vous allez garder sur vous pendant trois semaines. Vous allez fabriquer de vos mains un petit bateau et vous déposerez la poupée sur le bateau, ensuite regardez le bateau prendre le large ou couler, cela n’a pas d’importance. N’oubliez pas de vous promener sur la plage avec la poupée avant de l’envoyer naviguer. Je reconnais Marie-Amélie Stiernet dans un coin de la pièce, elle fixe le plafond, elle projette avec ses yeux des images et des étoiles, je m’approche, elle enlève son casque et je lui dis : vous écoutez quoi ? Elle me répond qu’elle écoute les chants grégoriens. Elle me dit : vous êtes avec nous depuis plusieurs semaines mais vous ne vous souvenez plus de rien je crois. C’est la dernière heure d’écoute. Asseyez-vous à côté de moi : les autres pleurent mais vous allez écrire. Voici un carnet et un stylo. Allez-y. Elle remet son casque. Je m’assieds, je dévisage les autres mais je ne reconnais personne. Je ne suis jamais venu ici. Je ferme les yeux. Je me vois plongé dans une baignoire, je plonge ma tête plusieurs fois sous l’eau, je retiens ma respiration, j’ai l’impression d’être dans le ventre de ma mère, déjà aux aguets, j’entends un homme dire qu’il ne veut pas de cet enfant, qu’il veut qu’elle avorte, parce qu’il veut voyager au Brésil, y travailler, faire le tour du monde, qu’ils sont trop jeunes. Je sors la tête de l’eau, je reprends une respiration saccadée, mes poumons tiennent le coup. Je plonge la tête à nouveau, pour voir ou écouter la suite, j’entends une femme casser un verre, elle fait un geste sur son poignet, le sang coule. Très agité, Marie-Amélie Stiernet, me prend par la main, enlève son casque et me dit : tout ira bien. Un autre homme me dit : même dans le ventre, l’enfant a déjà des choses à dire. Allez-y dites ce que vous avez à dire, l’omerta ne vous concerne pas. Vous avez l’attitude d’un enfant adopté. Vous devez enlever trois choses en vous : la culpabilité, l’abus et la désinvolture. Aujourd’hui, c’est comme si rien n’était important, comme si vous n’étiez rien, comme si vos bonheurs et malheurs n’avaient jamais existé, comme si votre propre mort n’aurait aucune conséquence. Ils ont brisé votre capacité de besoin. Vous allez renaître plusieurs fois. Nous sommes le 29 décembre 2018, ceci est votre première renaissance. Une autre adviendra en août 2023. Ce sera la renaissance définitive. Marie-Amélie Stiernet me regarde et sourit, comme si elle était heureuse d’assister à cette scène. Je sens un flux énergétique qui traverse la pièce en passant par le cœur de tout le monde et qui m’arrive frontalement. La paroi du cocon se brise enfin. <sup>2  

1</sup> Leo Middea - Lisbon Lisbon

² Certains passages de ce texte ont été écrit durant des séances de Neurasonic créé par Olivier de Wulf https://fr.neurasonic.com/

Marie-Amélie Stiernet est une contributrice multi-passion. Cette enthousiaste de l’humain aime favoriser l’émergence de nouvelles possibilités qui n’étaient pas envisagées avant.

Diplômée d’un Master en Sciences Politiques et Relations Internationales, forte d’une expérience variée au sein de petites et grandes structures, Marie-Amélie partage entre autres cette expérience de terrain au service du secteur marchand et non-marchand en Belgique (bénévole, membre CA ou conseil)

Experte en pilotage de projet et de programme (formation, communication, gestion des acteurs), gestion du changement, transformations et développements organisationnels etc.   Elle déploie depuis plus de 10 ans son expertise managériale dans différentes fonctions ( compliance , gestion des partenariats, due-diligence , gestion de projets ...) des secteurs IT, pharmaceutique et philanthropique.  

Sa vision holistique lui permet d’identifier les « trous dans la raquette » tout en faisant des liens permettant de favoriser des synergies, le partage de bonnes pratiques et de favoriser le liant entre différents départements et fonctions.  

Marie-Amélie trouve son équilibre et son inspiration dans la variété de projets et d’individus qu’elle accompagne.

  « Ne marche jamais sur le chemin tracé car il ne te mène que là où d’autres sont allés » , A. Graham Bell