Marie Leriche

Marie Leriche

Le portrait onirique de Marie Leriche

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Chère Marie Leriche, je crains avoir beaucoup de difficultés à venir chez vous à Essaouira comme vous me l’avez si courtoisement proposé, j’y ai vécu dans le passé des moments tristes, et ces vents de l’Atlantique emportèrent mes idées plus que le noir de mes pensées. Je ne me souviens pas m’être senti une seule fois heureux dans cette ville. Comme si elle me détestait, elle aussi. J’espère que vous comprendrez. La mer me ferait pourtant du bien. Voici les quelques questions pour le portrait dans Next (F9), je ferai publier votre portrait avant la rentrée. J’ai écrit ces quelques phrases sur une jolie feuille de papier demi-raisin, légèrement mauve et parfumée à la fleur de prunier trouvée dans un magasin de Quimper. Plier la feuille en quatre, la glisser dans une enveloppe, passer la langue sur les bords de colle pour la fermer. Timbrer, écrire l’adresse et l’expédier par la poste. J’aurais pu lui envoyer un email, mais le temps que l’enveloppe lui arrivera, je penserai aux pigments, à ses très belles peintures acryliques sur papier de Chine en mangeant un immense millefeuille à la vanille. Un matin, j’entends frapper à la porte. Sans surprise, c’est Marie Leriche, enveloppe à la main. Bonjour Patrick Lowie,... Je la fais entrer, je lui demande de patienter quelques minutes, le temps de retrouver mes esprits. Je venais d’acheter cette maison construite au bord du néant. Je laisse Marie seule dans l’immense couloir très large qui mène vers la baie ouverte sur le vide. L’architecte, décédé depuis quelques jours, m’avait expliqué qu’il voulut construire une maison comme la vie : jamais loin de la mort. Après avoir retrouvé mes esprits, coincés entre deux chaussettes, je retourne vers le couloir. Plus personne... je cours vers la baie et je vois Marie se jeter. Mais voilà qu’un homme sorti de nulle part, deux points à la place des yeux, un trait à la place de la bouche, un grand chapeau qui nous empêche de voir ses cheveux, habillé d’un grand manteau bleu, un héros aux longs bras, prend l’artiste et la dépose de l’autre côté. Entre l’horizon et l’abîme. Elle le regarde, il est immense et d’une beauté inconnue. Je les observe s’embrasser. Je prends le mégaphone. J’enfonce la gâchette pour actionner la sirène. Une fois. Deux fois. Ironique : Marie Leriche ! Vous êtes en état d’arrestation ! Cet homme, capable de tous les exploits, humaniste, capable de dialoguer avec les vents, est interdit aujourd’hui. Vous risquez la peine de mort. Plus de mille feuilles sortent de la tête de Marie, ses œuvres du passé, ses chaos sacrés, ses offrandes à l’invisible, ses tentatives d’harmonie, ses croyances béquilles, tout s’envole et se transforme en milliers d’oiseaux. De loin, je vois ses lèvres bouger. Allégée, elle essaye de me dire quelque chose. Pas sûr d’avoir bien compris, mais ça ressemble à : ma nouvelle vie, c’est maintenant. Je la laisse au personnage de Folon, je la vois partir dans la grandeur infinie des horizons ouverts.


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.


Bio

Après une formation en stylisme au Studio Berçot, elle fait ses armes dans le monde artistique en tant qu’assistante de Kazuko Yoneda, développe en parallèle sa propre ligne, et se forme aux arts graphiques dans différents ateliers privés. En 1998, elle déménage à Hyères où elle monte avec son ex-mari une entreprise de décoration murale (Le comptoir de la Chaux) et y travaille les techniques traditionnelles du stuc vénitien, des fresques murales, et bien d'autres. En s'appropriant ce savoir-faire sur des supports de différents formats et matériaux, elle crée des pièces abstraites singulières, dans une esthétique à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident. De 2004 à 2010, elle expose son travail dans diverses galeries du sud de la France, mais également au Salon des indépendants et à la Galerie Monod à Paris, ainsi qu'à Shanghai lors de l'exposition universelle de 2010. S'en suivent quatre années, où elle met de côté ses médiums plastiques pour se consacrer à la forme poétique de l’haïku. Un voyage au Japon nourri cette recherche, et par la suite elle traduit l’essence de ce rythme d’écriture dans ses oeuvres. ​ En 2014, elle déménage à Essaouira. Inspirée par la richesse de la terre et de la culture marocaine, Marie reprend contact avec ses pigments, ses bâches, et se lance dans une nouvelle démarche artistique. Son travail actuel, principalement orienté autour de l’étude de la lumière, est sélectionné en 2016 lors de la première édition des Nuits Photographiques d'Essaouira. Marie présente la suite de son travail lors de son exposition « Cercle » à l'Institut Français d'Essaouira. Depuis 2016, Marie donne carte blanche à sa flle Alizée, compositrice, pour la réalisation des bandes-son, qui accompagnent les projets vidéos d'un onirisme moderne.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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