Khadija El Abyad

Khadija El Abyad

Le portrait onirique de Khadija El Abyad

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Un être humain au féminin est couché sur le dos, en position terrorisée par la métamorphose, deux bras tendus vers le haut comme menacé. De son nombril, apparaissent des tiges d’arbres ou de plantes et des oiseaux blancs viennent chercher ici et là, un peu de réconfort, peut-être de la sagesse ou des couleurs pour que ce tableau ne reste pas monochrome. Une fois entré dans ce tableau, accroché dans un des musées les plus célèbres au monde, je pouvais observer les visiteurs qui, ne trouvant plus rien d’artistique dans leur quotidien, viennent ici pour se remémorer les temps où l’art avait un sens, nous proposait un univers, une sensibilité, une richesse. Je ne parle pas de l’art aux techniques maîtrisées mais de l’art qui parle, qui soigne, qui opère des transformations en nous, simples citoyens ou dans la société. Khadija El Abyad, l’être humain au féminin, se relève avec douceur, immense bougie allumée, sa robe est faite de cire. Elle rêve de voyages et de voyages encore mais elle patiente, impatiente, elle se perd dans les minutes qui vont trop vite et les heures qui défilent. Elle me voit enfin. Je lui dis : dans quel tableau sommes-nous ? Elle me répond rapidement : dans le tableau de rêves oubliés. Vous avez fait le même rêve que moi : au cœur de couleurs, une image saisissante se dévoile, où les corps se transforment en toiles vivantes, des supports fertiles où poussent des plantes, substituant ainsi les poils et cheveux habituels. Mon propre corps devient l'écrin de cette métamorphose onirique. La partie de mon dos, en une alchimie mystique, se transforme en une parcelle de terre nourricière. De cette terre surgissent des brins d'herbe, des arbustes à fleurs, s'élevant fièrement vers le ciel étoilé. Les racines de cette végétation s'entremêlent avec mes artères et veines, établissant une hybridation magique entre la nature et la pulsation vitale de mon être. Oui, ce rêve me rappelle vaguement une nuit onirique épuisante qui, au réveil, s’est effacée derrière une multitude de petits points lumineux et aveuglants. Je savais que je parlais à Khadija El Abyad, à son âme, à ses quelques réticences systémiques. Dans l'étreinte onirique des songes, un rêve singulier se dessine, laissant une empreinte à jamais gravée dans les méandres de sa conscience. Ce n'est pas le rêve le plus mémorable qui a croisé le fil de ses nuits monochromes, car une farce indescriptible demeure ancrée quelque part dans les replis de ses souvenirs oubliés. Cependant, une vision poétique a émergé, tissant un lien étroit avec la fibre sensible de son être artistique. Cette image, aussi poétique que visionnaire, l'a enveloppé d'une inspiration ineffable. Les contours de ce rêve se sont matérialisés dans le creuset de son esprit créatif, prenant forme sous le titre évocateur de ÇA POUSSE POÉTIQUEMENT SOUS MA PEAU. Ainsi, cette expérience unique a transcendé les limites du sommeil pour s'épanouir dans la réalité de son imaginaire, fertilisant l'inexploré, semant les graines d'une beauté insoupçonnée qui s'épanouit sous la lumière de la poésie.

Elle me dit : cher Patrick Lowie, je n’avais jamais imaginé vous rencontrer dans ce tableau et à vrai dire, cela me gêne un peu car j’ai des remarques à vous faire. Il va falloir simplifier votre approche pour toucher un plus grand nombre. Je réfléchis un instant puis : j’aime beaucoup votre art mais pourquoi toucher le plus grand nombre ? Vous connaissez les conséquences d’une telle approche. C’est la fuite assurée vers des mondes qui existent déjà. Il n’y a que l’esprit (même pas forcément éclairé) qui réussit à recréer et substituer ce qui nous semblait d’immuable en quelque chose de neuf, qui passera sans doute par la souffrance, mais c’est l’esprit qui compte en forme de matriochkas peintes à la main. Explorer et explorer. Cela semble une perte de temps mais je suis sûr que je trouverai Mapuetos même si cela doit me prendre une vie car il faut illuminer le monde pour recharger ses batteries. Khadija El Abyad me dit : êtes-vous déjà allé dans la cave du musée ? Je me souviens de ce nom. Il était écrit sur un panneau de signalisation d’un tableau surréaliste peu renommé. Je lui ai promis d’aller voir. 

Le musée ferme ses portes, les lumières s’éteignent, d’autres personnages dans d’autres tableaux prennent part à la conversation. 


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Bio

EL ABYAD Khadija, artiste visuelle pluridisciplinaire. Née en 1991 à Agadir. Vit et travaille d'une manière nomade entre Rabat et d'autres lieux... Diplômée de l'Institut des Beaux-Arts et titulaire d'un Master en Ingénierie Culturelle et Artistique, Maroc.
Sa pratique s'élabore essentiellement autours DES ÉCRANS DU CORPS et ses enracinements dans différentes dimensions : les intimes, les culturels et les sociaux. La notion de la corporéité est adoptée par l'artiste comme caractère et support qui lui permet de traduire ses engagements envers son devenir social. Elle a participé à : ''THE PROMISE OF A TRACE'' , Malhoun Art Space, 1-54 Art Fair, Marrakech 2023. Solo show '' ... حاص ىالىساء / RÉSERVÉ AUX FEMMES?' ' à ARTORIUM, Casablanca 2022. ''VANTAGE POINT SHARJAH 9'', Sharjah Art Foundation, 2021. Elle a également un parcours de résidences : au ''MOUSSEM Nomadic Art Center'' Bruxelles, 2023. ''Caravane Ouadane, Mauritanie 2021. Friche La Belle de Mai, Marseille, 2019.

  • Anwar
  • Précisions d’usage 
    Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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