Joakeem Carmans

Joakeem Carmans

Le portrait onirique de Joakeem Carmans

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Monsieur Carmans, pourriez-vous arrêter de filmer ? Les rêves ne se filment pas. Les rêves, c’est déjà du cinéma. Comment imaginez-vous mettre en image tous ces délires de vieux fou ? Nous sommes en 2025, l’image évoque-t-elle encore quelque chose à part ce déferlement nauséabond hyper réaliste de scènes obscènes. Ils prétendent aimer la vérité mais c’est du réel qu’ils se nourrissent, vous voyez, j’aimerais que le monde bouffe l’irréel, qu’ils se shootent à l’onirisme et qu’ils se perdent dans l’amour. J’ai lu votre scénario, ce rêve répétitif. Je ne me souviens plus du titre. J’aime bien. 

D’habitude posé et conciliant, je ne pensais pas être capable d’une telle diatribe. Le rêve me donne des tournis, j’observe sur des écrans plats les icebergs fondre, je vois des villes noyées, et le volcan Imyriacht qui produit du solide pour ne pas couler, je vois et j’écoute des experts sur CNEWS, BFMTV et LCI qui ne sont experts en rien, ils parlent, ils parlottent, se contredisent au fil des heures, se répètent à n’en plus finir, la médiocrité à son sommet et en vitrine sous l’éclairage blafard de la modernité monotone. Je me suis à peine endormi que je sais que le rêve sera long, interminable, un immense rêve sans queue ni tête, perdu entre des espaces sidéraux, dans le vide, dans le spectre de l’inhumanité. 

Je me calme, je pose les lunettes solaires sur mon nez déjà brûlé, je fais semblant de lire l’Humanité mais quelques mots m’interpellent : “Honnis par toute la France officielle, menacés de mort et d’expulsion hors de France, les surréalistes persistent courageusement dans leur attitude”. Je me rends compte être à Deauville, cent ans plus tôt, couché dans un transat. Nous sommes le 23 juillet 1925. Joakeem Carmans filme et filme encore mes yeux en gros plan, mon nez en gros plan, une mouche sur ma lèvre en gros plan, il m’osculte avec sa caméra puis il s’assied et me dit : Monsieur Patrick Lowie, je suis tellement honoré que vous ayez accepté ce tournage onirique. Je vais enfin pouvoir vous répondre : mes rêves, je rêve toujours de la même chose, un rêve répétitif : dans une rue, où un réverbère sur deux est allumé, je mène une course à vive allure. Situé au centre, sur le sol sombre en béton, j'avance droit devant moi ; espérant atteindre pour destination finale, la maison où j'ai grandi. La tendre maison familiale de mes grands-parents. Mais lorsque j’y parviens, j’ai le sentiment de reculer, sans jamais atteindre mon but. Comme si je coursais sur un tapis dans une salle de sport, sans pouvoir contrôler la vitesse qui me dépasse. 

Je ne me souviens pas lui avoir donné l’autorisation de me filmer ou même lui avoir posé une question sur ses rêves. Je me lève doucement sans me réveiller et je vois la mer disparaître, je veux dire l’eau de la mer. Quelqu’un a enlevé le bouchon de la baignoire. Tout ce que contient la mer apparaît, je vois des gens se promener entourés de méduses, de poissons qui apprennent désormais à voler, des tonnes de migrants et de bouteilles en plastique tapissent les fonds marins. Le jeune homme poursuit son rêve passionnant : je dois courir le plus vite possible avant que je ne recule, et que tout recommence. Retour à zéro. À présent distancé, je me relance dans cette course sans fin. Cette fois, toutes les lumières de la rue illuminent ce qui jadis dormait dans une pénombre. Parvenu face à la maison, j'y perçois des silhouettes comme des ombres dansantes sous la lumière du soir, provenant d’un éclairage chaud de type jaune ampoule. Bien étrange, car à l'habitude, les volets sont fermés. 

Au loin, des hommes jouent aux cartes. Habillés en noir, table en verre, chapeaux pointus, masqués, ventrus,... je me lève et m’approche de la table. Les cartes sont étranges, un jeu de Marseille particulier : la religieuse portugaise , d’André Masson; Hegel , de Victor Brauner… je leur dis : j’aimerais aussi jouer, voici ma carte.. Mapuetos. Je me retourne et je n’avais pas remarqué que j’étais suivi par la caméra de Joakeem Carmans. Je lui dis : j’ai l’impression d’être dans une image créée par l’intelligence artificielle. Je vous apprécie beaucoup cher ami, et je vous dois la vérité. Je connais votre rêve par cœur. Ces récits oniriques qui nous plongent dans des rêves étranges et cauchemardesques. Je sais, vous vous voyez sortir en pyjama de votre maison, puis y revenir. À l'intérieur, vous êtes confronté à des scènes absurdes et inquiétantes, vous pensez être devenu fou. Un double de votre mère qui passe de l'agressivité à la joie, des cris provenant d'un escalier infini, votre  grand-mère ensanglantée après avoir été battue. Ces rêves où le décor change sans cesse, les lumières qui s’allument et s’éteignent pour augmenter le sentiment de confusion et de peur. Je sens votre peur onirique, vos craintes, vos désirs d’interagir ou de fuir. Je connais l’émotion d’un corps d'enfant, apeuré, terrorisé sous sa couette par des bruits de pas et une présence menaçante venue le découvrir dans le noir. Vos rêves c’est l'inconscient raconté par le conscient. 

Je lui présente les cartes retournées du jeu de Marseille : choisissez-en une ! Il prend la carte et la retourne : Alice ! de Wifredo Lam. Bravo ! Un choix de cinéaste averti, vous allez devoir passer de l’autre côté du miroir cher ami. N’hésitez pas, il est là derrière vous. Joakeem Carmans se retourne et découvre l’immense miroir. Attendez, je n’ai pas terminé. Ce rêve est évident : ne restez pas dans le doute. Ce rêve répétitif vous plonge constamment dans les méandres de l’inconscient et des peurs enfantines. Prenez cette carte avec vous, elle vous servira de guide. Bon voyage ! Sachez une chose : les films que vous ferez reflètent votre âme, l’Univers, l’Humanité. Alejandro Jodorowsky, extraordinaire cinéaste et artiste multidisciplinaire, est convaincu que l'art n'a de sens profond que s'il guérit et libère les consciences. N’oubliez jamais cela. 

Joakeem Carmans traverse le miroir. 


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Bio

Photographe de formation, Joakeem Carmans opéra dans ses études au cœur de plusieurs registres : studio, reportage, publicité, illustration et retouches. Mais sa prédilection demeure avant tout humaniste. Passion naissante qu’il se découvra après avoir eu l'opportunité d'être un ancien collaborateur du journal quotidien belge "Le Soir" et du magazine "Vif". Où il s’ouvre à des qualités de photojournaliste, proche du cinéma documentaire, appréciant les rencontres et la diversité des sujets. Allant des portraits de personnalités à Mr. tout le monde, jusqu'à même réaliser un reportage dans la jungle de Calais qui fut une de ses plus belles et touchantes expériences. La suite, il l'a passe sur les bancs du 7e art ; étudiant la réalisation cinéma à l'iAD (Institut des Arts de Diffusion). Avant d'orienter plus précisément son parcours lors d'un Master en Télévision, attiré par l'adrénaline du LIVE, 
du multicaméra, et des reportages ENG. Où il se découvre également réalisateur 
de clips, donnant naissance à son TFE, qui sera la réalisation du titre " It's Happening Now " du chanteur MUSTII. Collaborant auprès de la Warner Music Benelux, qui fut une belle collaboration de mises en conditions professionnelles de fin de parcours.
Le travail de création auprès des artistes et de leurs images, la narration de courte durée, ainsi que l'émotion des mots que peut procurer une chanson ; demeure à ses yeux le médium idéal et complet pour se confronter à la réalisation. Le clip n’a pas 
à rougir, et mérite sa place comme art. Son mémoire du point de vue artistique sera par ailleurs un clip musical et poétique basé sur le rêve et ses effets, thématique qu’il affectionne particulièrement. Son futur parcours professionnel tient à se dessiner entre ces deux métiers, mêlant constamment la technique en télévision, et l’écriture et développement artistique en clip ; demeurant nécessaire à ses yeux pour se sentir vivant.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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