Dans le rêve, Isaak Dessaux est assis sous un arbre sans feuille, il fait très chaud, nouvelle canicule, l’eau manque, le Président doit faire une allocution à la télévision pour de nouvelles restrictions. On l’avait pourtant prévenu. On savait comment tout cela allait se terminer. Le déni, seule réalité humaine. Je m’avance vers le jeune homme pour le saluer, lui serrer la main. Je suis invisible. Il ne me voit pas, ne m’entend pas. Je traverse son corps, l’arbre, et je me plante de l’autre côté du décor. C’est étrange, dit-il au photographe qui retient son souffle puis met son objectif sur la même ligne de mire : la tête, l'œil et le cœur, j’ai comme la sensation d’être subitement habité, quelque chose de fort, comme l’aura de quelqu’un, un parfum humaniste et bienveillant. Waouw.… je dois mettre ce pantalon ? Mais il est bien trop grand mon cher… ahaahah… vous avez vu l’étiquette ? Made in Mapuetos. C’est curieux, je n’ai jamais entendu parlé de cet endroit. Il s’adresse à une femme plus loin : toi qui a fait le tour du monde, Sylvie, tu sais où est Mapuetos ? … Non pas Maputo, Mapuetos… je te jure c’est indiqué ici sur l’étiquette de ce pantalon. Bref, pas grave, terminons cette séance photo.

Isaak Dessaux traverse une avenue, je ne sais pas si cela a une signification particulière ou soit important dans le rêve, peut-être que quelque chose s’est produit pendant qu'il traverse l'avenue, mais je ne m’en souviens plus ou peut-être que traverser l'avenue soit une étape importante pour atteindre un lieu précis. Isaak pense parler dans le vide mais il me parle : on va trouver ce Mapuetos, où que ce soit, on ira. Une limousine s’arrête aux feux, la portière s’ouvre, c’est moi, je me vois. Je lui dis : venez Isaak, je dois vous montrer quelque chose… on entend subitement une musique fluette, des oiseaux, comme dans un album de Stevie Wonder. Vous savez, lui dit-il, quand on est enfant et lorsqu’on dort dans un lit à hauteur, vouloir grimper, qu’on croit se réveiller dans le rêve, qu’on descend de son lit, qu’on sort de sa chambre, qu’on trébuche dans les escaliers et qu’on s’accroche à la rambarde, tout cela a un sens caché, c’est rempli de symboles que je pourrais vous expliquer, venez ... Isaak Dessaux est stupéfait : comment savez-vous tout cela ? Je n’ai jamais raconté ce rêve à personne. Qui êtes-vous ? Il entre dans la voiture sans s’inquiéter, trop emballé par cette rencontre. L’homme l’aide à s’installer dans la voiture, j’entre aussi, incognito, puis il s’adresse au chauffeur : James Newton, on rentre à Mapuetos, par la route habituelle… . puis il parle à Issak : mon nom est Patrick Lowie, chasseur de rêves, un peu comme les papillonistes, j’attrape et j’épingle sur un tableau. À plusieurs reprises le jeune homme se retourne comme s’il y avait une quatrième personne dans le véhicule. Je sais ce que vous ressentez, c’est mon capteur de rêves… c’est une présence virtuelle, il prend des notes, c’est grâce à lui que vous êtes ici dans cette limousine. Patrick Lowie lui offre une coupe de champagne, met de la musique traditionnelle japonaise, le véhicule parcourt les boulevards, s’éloigne du centre-ville, dépasse les banlieues, emprunte les routes nationales, serpente à travers les gorges rocheuses et tordues dans la montagne, traverse un désert de sel, puis le moteur ralenti sans raison, s’arrête brusquement, James Newton rallume le moteur, mais cale après quelques mètres, panne sèche probablement. Il me reste encore quelques gouttes de champagne, mylord. Isaak Dessaux s’était endormi depuis longtemps, le ton monotone de Patrick Lowie et la musique japonaise avait provoqué un séisme de paresses multiples, de bâillements et de clignotements d’yeux qui l’ont très rapidement achevé. Il rêve probablement, mais de quoi ? L’aura entre en moi, nous ne sommes plus que trois. Il se réveille. Je lui dis : ne me dites pas que vous avez à nouveau rêvé de ce lit, de cette rambarde et de vos acrobaties ? Il fait un signe affirmatif avec la tête, muet encore et regarde le paysage de sel. On est arrivés à Mapuetos ? Je lui explique que non, nous sommes encore loin de l’objectif et que James Newton est parti chercher de l’essence, on ne sait où ! Je vais en profiter pour analyser votre rêve : tout d’abord, sachez que si vous ne vous souvenez plus de vos rêves aujourd’hui c’est parce que vous ne voulez plus refaire ces mêmes rêves qui, enfant, vous effrayaient. Ils expriment une peur en vous caractéristique : sortir d’un rêve pour vivre la réalité qui n'est autre que le rêve. Et la peur était celle de tomber, de grimper plus haut encore mais de tomber. Mais vous ne tomberez pas. Jean de Rotrou écrivait : “On peut voir l’avenir dans les choses passées”. C’est ce que je fais tout le temps. Sur le siège avant, j’ai deux valises, ouvrez d’abord celle de droite, si vous le voulez bien . Isaak se lève, prend la valise et l’ouvre. À l’intérieur, des cartes, des tarots enveloppés dans un petit tapis berbère fait à la main. Je prends le tapis et les cartes, je mélange les tarots et je sors neuf cartes. Waouw, la carte centrale est la carte des fiançailles, voilà donc un premier contrat en amour accompagne la carte du mariage, vous avez ou vous allez rencontrer l’amour intense qui va complètement vous transformer et vous rassurer. Beaucoup de changements très bientôt, vous avez de la réussite dans l’art, pas tout à fait ce que vous faites aujourd’hui mais dans le septième art. C’est quelque chose que vous gardez en vous, des propositions vont arriver, alliez-vous avec des artistes originaux, novateurs, vous êtes le moteur d’un prochain mouvement artistique. Soyez prudent avec l’argent et les amis qui vous entourent, certains sont là juste pour vous dérober. C’est l’amour, parlez d’amour dans votre art, c’est l’amour qui sera votre réussite . Il me regarde les yeux écarquillés. Maintenant, ouvrez l’autre valise. On va sortir, elle est un peu lourde . Le soleil se couche sur le désert de sel. Isaak ouvre la valise et découvre un projecteur 35mm qui, dès l’ouverture du bagage, comme par magie, se déplie, se met en place tout seul, s’allume. Il fait noir dehors, des oiseaux bleus de Chine traversent le ciel, de la lumière à l’ombre, les images qui sortent du projecteur sont magiques, d’abord des noirs et blancs pensés, des gélatines bleues puis rouges, un jeune homme apparaît sur l’écran, il change d’apparence. Ces images me procurent toujours les mêmes frissons . Isaak est visiblement ému. Vous devriez faire du cinéma, c'est écrit. Vous allez en faire, très rapidement. Vous allez devenir un immense réalisateur. Allez-y !

Isaak Dessaux s’est endormi dans un coin entre deux prises de shooting couvert par l’immense pantalon made in Mapuetos. Il reçoit un message sur son téléphone : j’espère que vous avez fait un très beau rêve. Transformez-le en réalité ! Il sourit, compose un numéro, c’est le répondeur, Isaak se lance : Patrick, merci mille fois mille fois mille fois pour ce joli rêve, en tout cas, ces jolis mots vont directement dans mon coeur, il n’y a pas de péage-là, c’est en intrinsèque, les vannes du bonheur sont ouvertes, il n’y a pas de frontières, je les ai reçu directement en plein coeur, alors merci mille fois d’avoir pris le temps de m’accompagner jusqu’à Mapuetos et merci aussi pour l’envie d’écrire un portrait, ça me touche beaucoup beaucoup et, c’est pas rien, je serai ravi ravi ravi vraiment …. et pour le rêve, je ne rêve pas énormément énormément ou alors je crois que je ne m’en souviens pas tellement,... sauf celui que je viens de faire… mais vous étiez là, je ne vous le raconte pas, vous savez tout…

Isaak Dessaux est un influenceur français présent sur Instagram et Tik Tok. Son enthousiasme, ses différents personnages, ses qualités d’acteur, en font une personnalité particulièrement attachante et appréciée.