Olga Vaz
Les Tesla fondent en silence dans le désert, le golfe du Mexique asséché par une malédiction, pendant que des âmes fébriles s’écoulent dans les fissures d’un quotidien chaotique. Sous le ciel d’un bleu névrosé et impossible, les cyclistes édentés et sans jambes continuent leur course effrénée vers un horizon qui recule devant rien et à chaque respiration. Un bidon d’essence verte lancé par un spectateur en pleine figure du cycliste qui ne tombe pas. Les sparadraps blancs se transforment en papillons colorés, fluo et nocturnes qui se nourrissent joyeusement de nos insomnies. Ils déposent leurs œufs sous nos paupières vieillissantes et tremblantes. Les bombardements, feux et morts, personnes tuées, déplacées et affamées à cause de combats qui ne s’arrêtent plus. Ils prennent du plaisir à tuer. À Gaza ou à Soumy. À Shomera ou à Dhamar. Au Soudan ou en RDC. Mêmes combats. Mêmes horreurs. L’humanité brûle pendant que d’autres se disent que la vie est belle, que la terre est un paradis. Dans la ville verticale et végétale, les selfies s’accumulent comme des feuilles mortes. Chacun portant l’empreinte de visages qui n’existent déjà plus. Visages et corps transformés par des logiciels qui nous épuisent. La vie n’est plus un seul combat. Tout s’est multiplié, démultiplié à l’infini. Les néons bleus des mots résilience et performance clignotent et dansent sur un tango macabre au-delà des toits des immeubles. Les nuages forment des graphiques ascendants. Je marche sur un tapis roulant fait de miroirs brisés.
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Publications & anecdotes
Ce portrait a également été publié dans la revue Marginales #313 É-puis-é-es - sous la direction de Vincent Engel en mai 2024. Depuis sa création, au lendemain de la Seconde Guerre, par Albert Ayguesparse, Pierre-Louis de Muyser et Joseph Bracops, jusqu’à sa reprise en main par Jacques De Decker en 1998, la revue Marginales s’est donné pour mission de chercher les vérités cachées de l’actualité à travers le prisme de la fiction.