Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm.
Mohamed Nait Youssef
Le portrait onirique de Mohamed Nait Youssef
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Il y a quinze jours, Mohamed Nait Youssef m’a laissé un message étrange sur mon répondeur : « j’ai rêvé l’autre nuit, que mon corps était des mots », écrivait Abdelkébir Khatibi dans « La mémoire tatouée ». Comment peut-on écrire alors un rêve enfantin ensommeillé dans les tréfonds de la mémoire, de l’inconscient ? Un rêve lointain… J’ai immédiatement posé la question à l’intelligence artificielle et j’ai reçu cette réponse : primo, essayez de vous rappeler autant de détails que possible sur le rêve, comme les personnages, les lieux, les émotions ressenties, etc… ensuite, utilisez des méthodes de relaxation ou de méditation pour vous aider à vous détendre et à vous concentrer sur vos souvenirs de rêves, après, écrivez vos pensées et vos impressions immédiatement après vous être réveillé, car il est plus facile de se rappeler les détails de ses rêves juste après les avoir faits, surtout, utilisez des techniques d'écriture créative pour donner vie à vos rêves, comme décrire les sensations et les émotions ressenties, utiliser des métaphores et des symboles pour décrire les images et les personnages de vos rêves et enfin, ne vous inquiétez pas si vous ne vous rappelez pas tous les détails de votre rêve, l'essentiel est de décrire ce que vous vous rappelez.
J’ai rappelé Mohamed Nait Youssef, répondeur, j’ai laissé ces quelques mots : j’arrive, je vous rejoins. Les rêves me jouent souvent de drôles de tours, mais c’est agréable de vivre ainsi, se perdre en chemin, trouver d’autres chemins, marcher, marcher … la mémoire qui fredonne une chanson de Manset : on m'a dit que c'est tout à côté / Le pays de quoi, de la liberté / J'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché/ J'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché, j'ai cherché / et j’ai beaucoup marché . Mohamed Nait Youssef est un journaliste de qualité, chercheur encore, amoureux des beaux mots, œuvres sacrées, et je l’ai donc rejoint à Tizyine, je lui ai serré la main puis un peu provocateur je lui ai dit : la photo n’est ni silencieuse ni morte. Sur la route, des mots de Mohamed AGOUJIL se posèrent là entre mon âme et mon cœur : ton feuillage fuit ton ombre, jonche la vallée. Il implore les crues d'autrefois, au vent de l'Ouest pour arroser la langueur des étés. Je m’attendais à une fin du monde, un cyclone dévastateur, une météorite composée de fer, de nickel et de silicate détruire toutes nos poésies. Il me parle de ses projets, un feu de bois réchauffant mes mains glacées. Et au sourire, je comprends qu’il est surpris mais heureux de ma visite. Il me dit : je sais ce que vous attendez de moi. Un rêve n'est-ce pas ? Une nuit, j’ai rêvé que j’étais un grand oiseau qui s’envole dans les cieux lointains. Pourtant, cette sensation si étrange et libératrice m’a fait toujours rêver. Un songe dans un songe ! Je m'envolais au-delà des cimes des montagnes pour franchir l’horizon, pour voir comment dorment les mers. J’avais toujours cette envie de me jeter dans l’eau, dans une vague indifférente. Ce rêve m’accompagne, m’habite… Nous avons parlé des rêves, cette série de pensées, d'images et de sensations qui se produisent dans l'esprit d'une personne pendant son sommeil. De ces rêves qui peuvent être vifs et réalistes, ou abstraits et surréalistes. De ces songes qui peuvent être influencés par nos émotions, nos souvenirs et nos expériences. Nous avons parlé de ces gens – les gens comme moi - qui pensent que les rêves ont une signification symbolique, et des autres – comme moi aussi - qui pensent qu'ils sont simplement la façon dont le cerveau traite les informations pendant le sommeil. Patrick Lowie, tout cela est bien paradoxal, n’est-ce pas? me dit-il doucement. Nous nous sommes éteints et j’ai repris le chemin de retour.
Je me suis arrêté ici, dans l’unique hôtel d’une ville pittoresque. Les oiseaux piaillent toujours, pour une branche semble-t-il. Des nuages s’amoncellent et quelqu’un frappe à nouveau à la porte, mais je ne bouge pas, je ne bouge plus, je ne bougerai plus jamais.
Le feu s’est déclaré.
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