Florence Bridenne
Le portrait onirique de Florence Bridenne
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Florence Bridenne m'écoute raconter ce rêve absurde, tout est un peu mystique ce soir, les pièces sombres, les voiles dans le ciel, les chats dans les arbres, l'incompréhension aburde entre les êtres, les voix qui viennent de nulle part puis elle me dit sur un ton banal mais voulu : et alors ? Cela ressemble à une parabole plus qu'à un rêve. Vous êtes sûr que vous n'inventez pas tout cela, vous prétendez avoir le syndrome de l'imposteur mais je me demande si vous n'êtes pas tout simplement un imposteur. Elle rit aux éclats. Je crois que je vais vous dévampiriser, prenez trois paracétamols trois fois par jour et vous verrez que cela va vous passer ! Je lui dis : je sais que vous ne parlez pas de moi. Ce rêve a dû vous surprendre, non ? Vous savez qui est Marceau Ivréa, n'est-ce pas ? Florence Bridenne est assise, le regard intransigeant, de cette intransigeance maléfiquement belle, une casquette rouge sur la tête avec comme inscription Make America great again . Elle fait semblant de rien. Le rêve est incertain, les images se dépixellisent puis, après quelques minutes, tout redevient normal. Les couleurs, les silences, les chats qui gazouillent dans les arbres. Elle répond enfin : non, je ne sais pas qui est ce Marceau Ivréa. Un colon ? Un jésuite ? Mon aussi je rêve, I have a dream ! ... But first, money. Mes rêves sont d'un autre niveau. Je vais vous les raconter : une nuit, dans un rêve, pour soigner celle qui semblait m'aimer, devenue aussi froide qu'un vampire - je lui préconisais trois paracétamols trois fois par jour et contre toute attente cela fonctionna. Elle m'expliquait que pour dévampériser il fallait du paracétamol, je n'étais pas surprise, je ne le savais tout simplement pas. Pour mieux raconter son rêve, elle se lève et récite, mime les scènes. Le lendemain c'était son anniversaire, je lui ai commandé une belle piscine mais elle ne s'amusait pas, me répétant qu'il n y a rien d'amusant à être dans l'eau. Elle voulait manger, j'ai donc appelé le Maire du village dont le nom m'échappe. Sa femme venait de faire une fausse couche, mais l'enfant survécu, ce qui est un fait rare paraît-il. Mon vampire doutait de moi, je scandais que je n'étais ni homme ni femme, elle n'y croyait pas un mot sans savoir si j'étais homme ou femme. Elle voulait revenir à la maison car elle avait trop de choses dans les poches, mais ce n'était pas le genre de la maison en revanche elle pouvait faire un concert. Sa mère apparut : dramatique. Plus mon vampire jouait plus sa mère rajeunissait. Son jeu visiblement, n'était qu'une expérience à vivre, mais cela l'effrayait. Si effrayée qu'elle en mourut, encore....moi j'avais l'habitude. Un vampire ne meurt jamais longtemps, mais c'est toujours spectaculaire. J'expliquais à sa mère qu'il fallait que je la ramène à la vie, elle se fâcha et me hurla dessus en disant qu'il fallait que je trouve une explication pour l'aimer. Je n'en n'avais pas, je n'en trouvais pas, je me souvenais juste qu'un jour elle avait peint un céleri en rouge et qu'elle me l'offrit en guise de coeur, ce qui m'avait étonnamment et énormément touché parce que personne, personne n'avait fait une chose pareille pour moi. Sa mère comprit mais mon vampire semblait trop humaine désormais, je lui proposais d'avoir des vicissitudes et de mauvaises pensées car cela ne me convenait plus. Déconnectée elle me fit oui mais n'en fit rien. Elle préféra faire une crise d'asthme et mourût à nouveau. Devant si peu de tristesse je la laissais là oubliant totalement pourquoi j'aurais donner ma vie pour un être immortel aussi indécis.
Je me sers un whisky sans glace. Les voix sont de plus en plus fortes, une cacophonie, j'ai les mains qui tremblent et je dis : je pense qu'on va s'arrêter ici. J'aime beaucoup vos énergies mais tout cela me fait perdre mes équilibres. Mille excuses. Florence Bridenne garde le silence, me regarde d'un oeil moqueur, ça me fait rire. Elle me fait rire aux éclats. Elle se lance : ce que je ne comprends pas dans votre rêve, c'est pourquoi le vieil homme meurt quand il apprend le nom du jeune homme à cheval. Je me lève, le salon est plus petit que je l'imaginais, je regarde à travers la fenêtre, un jeune homme tout vêtu de blanc traverse le jardin, la raquette de tennis à la main, il s'approche des courts, il espère trouver un partenaire de jeu, il s'assied sur un banc, voudrait qu'on lui propose une partie mais il est invisible et n'ose pas demander, il craint qu'on joue avec lui par pitié, le jeune homme lève la tête et m'observe au loin, je fais deux pas en arrière, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je tombe en arrière, la tête frôle une table basse en verre fumé. Florence Bridenne m'aide à me relever. Elle me ressert un verre de whisky, du regard elle insiste, elle veut que je réponde à sa question. Je lui dis : le jeune homme... Marceau Ivréa, le vieil homme était aussi Marceau Ivréa. Exactement comme je viens de me voir par la fenêtre. On ne devrait pas boire de l'alcool dans les rêves. Mais regardez là-bas derrière les courts de tennis, regardez les champs.. . des hectares de champs fleurissent à l'improviste, des champs de céleris rouges,...




