Sylvie Leeloo

Sylvie Leeloo

Le portrait onirique de Sylvie Leeloo

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Il y a beaucoup d’eau dans vos portraits oniriques, Monsieur Lowie. Cette phrase me revient régulièrement à l’esprit. Elle a été prononcée lors d’une soirée littéraire par Philippe Leuckx, poète et lecteur amoureux. J’aurais aimé commencer ce portrait au-dessus d’une falaise de glace très élevée, imaginer la mer, donc l’eau glacée. Mais j’ai repensé à la phrase de Philippe Leuckx et je me suis dit, convaincu : évacue l’eau Patrick, repart dans les montagnes, peut-être pour reprendre la route des volcans en ébullition (je n’aime pas les verbes érupter et éructer). C’est en reprenant les chemins invisibles que j’imagine - sans drogue douce ou dure, alcool, tabac, chocolat, rien, juste mon corps et ce qu’il contient - c’est à ce moment-là, au croisement de deux routes identiques et parallèles que je repense à la phrase de Rosa Luxemburg : il faut travailler et faire ce que l’on peut, et pour le reste, tout prendre avec légèreté et bonne humeur. On ne se rend pas la vie meilleure en étant amer. 

Entre les deux chemins, une paire de chaussures et plus loin une femme avec un appareil photo. Une photographe à côté de ses pompes ? Pas sûr, je la trouvais surtout dans l’instant, dans une forme d’équilibre méditatif, entourée de pixels admiratifs. Entre des chaussures délacées, des chemins effacés, un désert approximatif et des plantations de quinquina qui donnait au paysage une amertume gris bleuté, je me rapproche du décor, trébuche et dis : shit, I’m dreaming again . La photographe se retourne, me prend pour cible avec comme objectif de me soustraire l’enveloppe charnelle, cette écorce si facile à enlever, prête à faire boire mon vin jusqu’à la dernière goutte. Distanciation sociale oblige dans ce désert infini parsemé de troncs effeuillés, je garde en moi, comme une insémination artificielle, les graines d’un optimisme maladroit en perpétuelle attente de quelque chose de plus intense encore, plus profond mais à distance. Elle se présente : Sylvie Leeloo . Déclics d’obturateurs en forme de poignées de mains mécaniques. Le vent se lève, je remarque que le vent se lève toujours à des moments précis, comme ici, lors de cette rencontre onirique. Mon nom est Patrick Lowie, j’aimerais me réveiller, lui dis-je, nous sommes tous des dormeurs qui vont se réveiller, il faudrait juste qu’on se réveille au même moment. J’aime beaucoup vos photos en noir et en blanc, "Pilastre" par exemple, est une photo remarquable, j’aurais pu rêver ce moment sublime figé. Le vent étale les notes d’une composition musicale, je pensais m’être éloigné des côtes, mais il a aussi ramené l’iode d’une proche vague démontée. Sylvie Leeloo me sourit, se rechausse, me fait un signe de la main. Elle s’en va seule, elle se croit seule, elle se dirige vers la musique, elle s’approche d’une falaise, elle se croit toujours seule, elle croit qu’il fait beau aussi, puis sans raison apparente, sans mouvement brusque, tout d’un coup sans savoir pourquoi, elle saute dans le vide. Elle saute dans le vide mais elle ne s’écrase pas, elle rebondit à la surface de ce qui ressemble à un océan, elle rebondit plusieurs fois, toujours le sourire aux lèvres. Faisons ce que l’on peut. Au bout de très peu de temps au dernier rebond plus haut que les autres, elle se retrouve en l'air, elle reste au niveau du ciel. Je l’observe et je sais qu’elle n’a pas peur, qu’elle ne panique pas. Il n’y a pas de raison. Et là je ne sais pas si elle plane ou si elle vole, comme si elle devenait observatrice du monde du dessous, avec cette impression de légèreté, d’équilibre. Elle lévite.


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Bio

Lyonnaise d'origine, vivant depuis plusieurs années à Marseille, j'ai commencé la photographie depuis 2015 et très vite, c'est devenu une passion. Depuis j’ai participé à plusieurs expositions qui m’ont permis de présenter et mettre en avant mon travail photographique. Faire de la photographie, c’est être dans l’instant, être dans un état méditatif. J’ai une préférence pour le noir et blanc intemporel, qui me permet d’exprimer des émotions particulières, et d'extraire des atmosphères très différentes. Mon appareil me permet d’être un témoin au regard bienveillant. Ma préoccupation est de transmettre une ambiance, une histoire, avec de l’esthétisme et mes états d’âme. Je souhaite au travers de mon travail être un révélateur, saisir un instant, une tranche de vie, l’impermanence des choses, je fige cet instant, me disant que si j’en garde une trace c’est forcément là ... ou pas, car l’instant d’après ce qui a été n’est déjà plus, ou différent. J'aime également les reflets, la réflexion d'un sujet sur un autre, qui se superposent, se mêlent ou s'entremêlent. Mélange de réel et d'irréel. Ne plus avoir de repères. Jeux de cache-cache avec la lumière, les contrastes, les ombres, pour mettre en avant un sujet plus qu'un autre. Voir au-delà du premier regard, voir ce qui se cache derrière. Laisser le mystère faire son œuvre. Jouer avec les contre-jours pour dessiner une silhouette, un contour. Saisir des comportements, des mouvements, des attitudes afin qu’ils deviennent des formes, des empreintes.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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