Sofiane K.

Sofiane K.

Le portrait onirique de Sofiane K.

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Monsieur, excusez-moi de vous déranger. Vous êtes depuis quatre-vingt-dix minutes debout, en extase semble-til, devant l'arbre de Jessé, votre corps semble en adéquation, en coïncidence réelle je veux dire, avec la cathédrale, vous semblez gélive, je sais que ça ne se dit pas, mais vous semblez gélive comme la pierre d'ici. L'homme qui me parlait était un vieux prêtre portant l'aumusse. Je l'avais vu s'approcher de moi à pas feutrés, il a hésité une bonne dizaine de minutes avant de me parler. Auparavant, j'avais fait le tour de la Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais et je suis tombé sur ces vitraux magnifiques. Je les imaginais avec d'autres couleurs, sans l'aspect religieux, je voyais les personnages des vitraux comme des mannequins dans un défilé de mode. J'imaginais que le thème du défilé était Trouver l'amour. Je n'ai rien dit au prêtre bien sûr. Même si son sympathique visage semblait enclin à la rêverie et son corps marqué par une indolence naturelle. J'étais prêt à me confesser sans trop savoir de quoi ni pourquoi. J'imaginais Mapuetos aussi, comme si, derrière les couleurs des vitraux, un message codé était transmis. Ce n'est qu'au moment où je vis le prêtre perdre son visage dans un mouchoir en dentelle que je compris être dans un rêve. Et pas forcément le mien. Me voici dans les vitraux, un jeune homme m'invite. Venez, venez, Patrick Lowie, cessez de rêver face aux vitraux, pénétrez, joignez-vous au cortège. Mon nom est Sofiane K. Après un court instant je dis : K. comme le K. de Buzzati ? J'entends plusieurs oui à travers son large sourire. Et j'insiste : vous n'êtes pas Stefano ? Il me répond : Stefano c'est votre rôle, cher ami. Dans la précipitation, je lui dis : vous n'êtes pas le monstre marin aux allures de squale géant, me semble-t-il. Sofiane K. m'explique que dans ce jeu de rôle onirique, je suis sur le point de mourir de vieillesse et que je dois l'affronter, lui, le K. Je me permets de lui rappeler que nous aurions pu nous rencontrer beaucoup plus tôt. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ? pensai-je. Les gens ont peur d'affronter K. alors qu'il est chargé de remettre une perle magique capable d'assurer réussite, richesse et bonheur toute notre vie. Sofiane K. me fait un deuxième immense sourire en disant : que murmurez-vous ? Ah oui… bien sûr… c'est étrange comme les êtres humains perdent cette opportunité au nom de la jeunesse. Refuser son destin jusqu'au crépuscule de la vie, n'est-ce pas idiot ? Patrick Lowie, je suis à votre poursuite depuis si longtemps, vous vous êtes étourdi dans la vie active pour fuir la vieillesse, vous n'échapperez pas à la mort. Je le trouvais bien jeune pour me parler sur ce ton, avec cette force. Au même moment, une balle de golf brise les vitraux de la Cathédrale, nous voilà éparpillés au sol. Je me réveille. Je m'étais assoupi, à ma gauche une très belle femme très riche et célèbre, à ma droite Sofiane K., très beau blogueur passionné de mode, il me tend la main : je n'ai pas voulu vous réveiller, il fait très chaud ici et ça ne commence que dans une heure. Je lui demande : où sommes-nous ? Il me dit en riant : à la Fashion Week de Paris, c'est mon premier défilé, c'était mon rêve d'être ici. Je ne pensais pas y être si tôt dans ma vie, je m'étais imaginé accomplir ce rêve à la trentaine, j'ai dix-sept ans. Très curieux, je lui dis : comment avez-vous fait ? C'est un combat périlleux pour venir ici si jeune. Il se rapproche : je vais vous confesser une chose : une nuit, j'ai rêvé d'un monstre qui m'offrait une perle magique. Depuis cette nuit-là, je réalise tout ce que je désire. Je complète : même trouver l'amour ?


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 66 autres portraits oniriques de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.


Bio

Je m’appelle Sofiane, je suis âgé de 19 ans. Je vis à Beauvais en province, mais étant un passionné de mode, j’ai toujours été attiré par la ville de Paris. Je suis un grand rêveur. Je suis actuellement étudiant en première année de classe préparatoire littéraire en hypokhâgne. Dans quel but ? Je ne sais pas trop. Je suis ici, car on m’avait dit que j’avais les capacités pour. Dans le cadre de la vie étudiante, je loge chez une dame très âgée et malvoyante par le biais d’une association car ma mère (avec qui je vis) n’avait pas assez de moyen pour m’assurer un logement ou une place à l’internat. De même, à l’origine, j’avais souhaité faire une formation en école de mode, mais impossible dû aux frais de scolarité et la vie à Paris qui est bien trop chère pour nous. En parallèle des cours, je tiens un blog de mode sur lequel j’essaie d’écrire comme si j’étais sur un magazine. Ce site web (skfashionisto.wordpress.com) est relié à mon compte Instagram (@skfashionisto) que j’ai pu développé et qui fonctionne assez bien aujourd’hui. C’est ce qui m’a permis de réaliser mon rêve, et de me faire une toute petite place dans le milieu de la mode (pour le moment, bien plus grand pour plus tard j’espère...).

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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