Nadejda Peretti

Nadejda Peretti

Le portrait onirique de Nadejda Peretti

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Je ne sais pas si la mauvaise idée était de faire une sieste (mais mon corps ne m'a pas demandé la permission) ou si la mauvaise idée était de se réveiller (je me suis réveillé persuadé d'être dans la cage d'un lion dans un zoo à Tchernobyl). Du coup, la déprime m'enveloppe dans son drap et je me débats pour ne pas manger du chocolat tout seul à la maison, on me dit de ne pas m'inquiéter tout cela ne va prendre que dix minutes, que cela fera un excellent post sur facebook et fera rire tout le monde. Bref, j'ouvre le frigo et trouve une bière fraîche (quel hasard !) qui va remettre les neurones en état, l'ordinateur est déjà allumé pour écrire même si Rob Brezsny m'a conseillé de débrancher un peu, mais ce qu'il ne sait pas ce cher Rob, c'est que je suis gémeaux ascendant gémeaux.

Et donc, cela faisait plusieurs réveils sans rêve, sans souvenir. Impossible de prendre le pouls de mes intentions oniriques. Je me souviens bien de quelques apparitions étranges comme ce bâtiment religieux construit comme des dessins de Maurits Cornelis Escher avec ses escaliers partout ou du sourire d'un ange ou deux, des sourires monnayées avec des piécettes tombées du ciel ou de la tentative ratée de connection avec le divin. Sinon, rien.

Sinon, rien ? Mais c'est déjà beaucoup Patrick Lowie ! Je suis très émue de vous voir ici dans mon rêve, me dit Nadejda Peretti. J'ajoute : Ah oui, j'ai aussi rêvé d'une rose noire qui mourrait, d'une fête qui s'arrêtait. Dans le parc du village, un groupe de musiciens ressuscitent des chansons paysannes, l'un d'entre eux joue le piffero, l'autre la vieille à roue. On aurait presque envie de danser au son de l'accordéon. Je comprends qu'on est en Romagne. Au coeur du village, en face de l'église, une belle bâtisse accueille beaucoup de gens. On entre, des hommes habillés de chemises grises et bleues bougent, s'affairent, circulent, se retrouvent, se détournent, se boxent, se pleurent… les femmes sont assises, elles assistent, commentent, se congratulent, se protègent. Le bâtiment est neutre, il pourrait n'avoir qu'une seule fonction : nous accueillir dans ce rêve. Pas de déco, les murs sont jaunes mais pas lumineux, d'un jaune terne, sombre. Sans ces hommes et ces femmes, il n'y aurait rien ici.

Où sommes-nous ? lui dis-je. Elle me répond qu'elle ne sait pas, peut-être dans une soirée underground des années 80 ou dans le QG de révolutionnaires subversifs de 2020, ils préparent peut-être une manifestation ou une énième révolution. J'entends l'un d'eux parler du volcan Imyriacht. Je me retourne instinctivement, la voix sort d'un sarcophage. Suivez-moi, on n'a pas le temps maintenant , on entre dans une pièce, plus grande, des cercles se mettent en place, des cercles de rituels de chants. Quelque chose s'est passé dans la vraie vie , me murmure un enfant plein de joie, l'imp(r)udence des adultes , une explosition gigantesque . J'observe des lianes qui poussent rapidement le long des murs, au point d'avoir la sensation d'être en Amazonie, je me mets au centre de la pièce, les enfants prennent position, fatigués du comportement des aînés. J'ai les mains dans un seau rempli d'une décoction préparée à partir d'écorces et de tiges des lianes. On me bande les yeux, je multiplie l’ayahuasca, j'en offre à tout le monde. Le rituel a commencé, c'est la nuit. Tout le monde bouge, d'une pièce à l'autre, ici et ailleurs. Des hommes se prennent pour des animaux sauvages, des lions sans queue surtout, une femme imite David Bowie et répète : I'm a blackstar, a blackstar…., tous les corps tremblent, les dents serrés, les sourires désespérés, le nouveau monde se fait attendre.

Ils se placent, guidés par l'intuition, en cercle, plusieurs cercles je crois, j'entends la musique, elle s'éloigne, ce n'est pas la nuit, une nouvelle planète issue du soleil cache le soleil, on a froid, tout le monde à froid. On voit mieux les couleurs, Nadejda s'est assise auprès de sa fille et de son seigneur et maître amoureux. Elle se lève, on voit sa jupe, colorée et belle. Elle tourne. Tourne. Tourne. Au centre du cercle, au coeur des cercles. Sa jupe tourne aussi, elle danse, elle tourne et elle danse, elle se sent accomplie, elle sait que c'est ce qu'elle veut faire : danser en rond, elle ne veut plus parler, paraître, rester invisible, elle ne veut plus parler, ni chanter, ni jouer quoi que ce soit, elle veut tourner, tourner, tourner, elle se sent bien, elle se sent belle, elle est belle, elle trouve un sens à sa vie, son existence, elle se connecte au divin.

J'ouvre le frigo, il n'y a pas de deuxième bière. La lumière du frigo éclaire mon corps, j'ai l'impression d'être connecté au divin aussi, je le referme, et retourne dans ma cage du zoo de Tchernobyl.


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Bio

Née un froid matin d’automne près du fleuve Volga, en Russie, elle a grandi devant la mer et sous le soleil de la Romagne, en Italie, où on boit du vin Sangiovese et on fait l’amour, dit une chanson de la région. Aprés des études en sciences politiques elle comprend qu'elle ne pourra pas travailler avec des gens trop sérieux et c’est à ce moment-là qu'elle rencontre maelstrÖm et son compagnon de vie et de voyage. Elle plante ses racines nomades en Belgique, à Bruxelles et apprend ce qui signifie être mère. Elle découvre le milieu culturel bruxellois et s’occupe de la boutique maelstrÖm et de l’organisation du fiEstival maelstrÖm, festival de poésie, pendant 9 ans. Grâce aux mouvements de Gurdjieff, le travail de Corésophie et Danza Duende elle redécouvre le plaisir de la danse et du travail de création. Entourée des poètes, elle se demande encore si elle ne devrait pas elle aussi se mettre à écrire.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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