Un homme est assis sur le bord d'un rivage. Il lance
sa ligne munie d'une petite plaque de métal dorée garnie
d'hameçons de premier choix. Il veut provoquer le poisson
par le mouvement. Il réessaye plusieurs fois. Il n'y arrive
pas. Pas de poissons. C'est pourtant la pèche la plus
simple. Il dépose sa canne, dépité. Il se retourne, je me
reconnais. Un peu plus loin, un enfant dessine un cheval,
symbole de liberté, son père est fou de joie. Il part puis
revient avec un gâteau plus grand que l'enfant. L'enfant
plonge dans le gâteau avec son cheval. Il plonge dans la vie
avec son désir de liberté. Je plonge dans la rivière
convaincu de pouvoir attraper un poisson avec les mains. Le
rêve est coloré, sublime et peut-être sublimé, le rêve est
clair et probablement éclairé. L'enfant a été englouti par
la crème du gâteau. Je le retrouve plus loin, très beau,
plus grand, plus âgé, avec son cheval. Je lui dis :
ce
rêve est très différent des autres, ne trouvez-vous
pas ?
Il me regarde, fait le poirier, reste en
équilibre sur la tête, tête en bas il me dit :
les
choses ne sont pas si simples.
L'eau de la rivière change
souvent de couleurs, du bleu au jaune en passant par du
rouge coquelicot puis le cours d'eau s'assèche rapidement.
Je m'avance vers lui et poursuis : il ne manque que le
vent...
puis je siffle. Il se remet droit : je me
présente, Foued Mokrani, vous êtes Patrick Lowie, n'est-ce
pas ? N'en soyez pas étonné, je n'invite pas des
inconnus dans mes tableaux.
Je pensais être dans un rêve, je
suis dans un tableau du peintre. Cela me fait sourire. Nous
sommes dans un de mes tableaux mais dans votre rêve. Je vous
ai invité pour une raison simple : je fais un rêve
récurrent depuis de nombreuses années que j'aimerais ne plus
faire, en fait c'est un cauchemar. Dans ces rêves, je suis
en conflit avec ma famille. Ils n'apprécient pas mes choix,
mon indépendance, ce que je suis. Pourriez-vous
m'aider ?
Le vent souffle enfin.