A. Guibert-Certhoux

Aliette Guibert-Certhoux

Le portrait onirique de Aliette Guibert-Certhoux

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Aliette Guibert-Certhoux est la fondatrice de Critical Secret, maison d’édition parisienne et l’un des plus anciens sites web sur les cultures numériques, en ligne depuis 1999. Elle a publié notamment Manifeste hacker de McKenzie Wark. Elle me donne rendez-vous au dernier étage, sur la terrasse du toujours très bel Institut du Monde Arabe, Place Mohammed VI à Paris. Elle est assise au soleil à une table métallique où sont déposés minitel, fax, plusieurs ordinateurs, photocopieuse, cyclostyle et tout le bazar (comme dirait Arno), tous les outils nécessaires de la parfaite résistante des temps modernes. Elle résiste. D’abord au vent. Elle résiste au soleil. Puis elle résiste surtout à cette époque aussi molle qu’un propriétaire de pantoufles. Aliette m’accueille chaleureusement, les cheveux coupe crête iroquoise mauve, et je lui dis Mais que fais-tu ici Aliette ? Elle sort sa longue-vue et me dit Voilà, d’ici, je vois tout . Étonné, je lui dis : Tout, quoi ? Et elle me crie à l’oreille : Tout, tout, tout ! J’adore cette femme autant qu’elle adore le sirop de Liège. Je t’en ai apporté dix kilos , lui dis-je. Génial, avec ça je pourrai rester ici une bonne année supplémentaire. À sa table, il n’y a qu’une chaise. Et je m’assieds par terre, pendant que des dizaines de touristes du Bahreïn se font des selfies juste à côté de nous. As-tu pensé à ma photo pour la rubrique Next (F9), Aliette ? Elle observe l’Élysée avec sa longue-vue et me dit calmement : Mais je n’ai pas de photo, Patrick ! Je suis contre mon image ! Surtout ne pas insister, s’asseoir doucement à même le sol, mettre des chiffres aléatoires sur le mur et créer un jeu des points à relier. Après un silence : Tu vas parler de la Turquie, d’Israël, de Poutine, de Gaza, de Valls, de Hollande, de ces salauds de... ? Je lui explique que non, que j’aimerais parler d’elle, de ses petits bonheurs, de sa cuisine, de son mari, de ses enfants, de son père médecin, de ses amis, de Baudrillard, de ses chats, de son chien et... de notre amitié. Écoute Patrick, je vais t’expliquer comment ça marche. Et je lui montre bien que je me bouche les oreilles. Je ne veux rien savoir de comment ça marche. Ça marchera comme j’en ai envie point barre. Arrivé au chiffre 67, je m’arrête et ne voyant plus Aliette, je me dirige en courant vers l’ascenseur. J’ai la sensation qu’il s’est passé quelque chose. Je la regarde, bloquée dans l’ascenseur qui va s’écraser du 6ème étage. J’attrape la corde de la cabine et avec ma force surhumaine, je lui crie : Résiste Aliette . Et pliée en quatre, elle me dit, tu vois que tu ne sais pas comment ça marche ! C’est toi qui tiens la corde, c’est toi qui dois résister, Patrick. Je fais tout pour que la cabine ne s’écrase pas jusqu’à l’arrivée des pompiers. Tiens bon, Patrick, je vais terminer une traduction pour la Revue des Ressources.


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Next (F9), 111 portraits oniriques de Patrick Lowie, publié aux éditions P.A.T.


Bio

Aliette Guibert-Certhoux est la fondatrice de Critical Secret, l’un des plus anciens sites sur les cultures numériques, en ligne depuis 1999. C’est grâce à elle notamment que les lecteurs francophones ont découvert l’incontournable « Manifeste hacker » de McKenzie Wark, puisque Critical Secret est aussi une maison d’édition. Aliette Guibert-Certhoux est de tous les combats numériques : quand elle n’est pas en train de mettre la dernière main à la traduction de « Gamer Theory », du même McKenzie Wark (à paraître en mars prochain sous le titre de « Théorie du Joueur »), elle participe au Forum européen de l’essai sur l’art (du 20 au 23/11 à Paris à l’Institut national d’Histoire de l’art) ou à la deuxième édition du Off du Livre de Bruxelles (du 4 au 9 mars 2009). En observatrice de longue date du réseau, Aliette Guibert-Certhoux n’est pas tendre avec l’évolution de l’Internet ces temps-ci. Elle livre à Systaime, vidéaste, artiste et remixeur d’images, ses cinq sites du moment (plus un, en bonus)...

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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